En plus de la « résilience », attitude nécessaire pour les 30 prochaines années, je vous propose le thème des « frontières ».
Frontières physiques avec ses douanes pour les
touristes, mais absence de frontières pour les variants de COVID qui
vont poursuivre leurs mutations parce que les « Big pharma « qui veulent
encaisser les milliards de dollars, ne veulent pas rendre accessibles leurs
vaccins aux pays pauvres. Absence de frontières pour les gros
producteurs de gaz à effets de serre comme la Chine qui continue de construiredes centrales au charbon principalement pour produire son électricité dont la
demande va bondir de 21 % dans les prochaines années ! Abolition de la frontière
de la supériorité humaine envers les autres êtres vivants. L’Homme, on le
sait depuis longtemps, n’est pas le centre de l’univers ; là on acceptera sous
peu qu’il ne soit pas non plus le centre de la biodiversité même s’il la
détruit à vitesse « grand V’….
Nous vivons sur une seule et même planète : on ne pourra contrôler ainsi COVID ou atténuer les changements climatiques uniquement dans la moitié des pays, sinon ça nous condamne de toute manière. Il faut penser « planète’ tout en faisant nous-mêmes la transition si urgente vers le durable, Or, la tendance est plutôt au chacun pour soi actuellement. Regardez les Américains (même avec Biden), les Chinois, les Russes : il faut préserver en priorité nos économies nationales, nos vaccins, nos métaux précieux…
Le tourisme et son nomadisme, générateur de contacts humains
qui nous permet d’évoluer personnellement, de briser justement les frontières
entre les gens, navigue actuellement sur la mer de tous les dangers. Je sais,
la priorité, c’est de survivre comme PME, comme organisation touristique.
Soyons tout de même conscients des enjeux réels pour notre avenir. Je croyais
que COVID accélérerait la prise de conscience de l’urgence climatique, des
pertes de biodiversité et des pollutions, mais la gravité de la situation covidienne
actuelle fait que pour une majorité d’entrepreneurs.res, c’est relégué à demain.
Moins d’une entreprise québécoise sur vingt entend investir cette année dans
l’amélioration de son bilan énergétique ! Or, avec l’actuelle hausse anticipée de
3C minimum des températures pour 2100 (alors que l’Accord de Paris dictait un
+2c maximum), COVID sera perçu comme de la « p’tite bière’ par rapport à
la mère de toutes les crises.
Mais, ne nous trompons pas, des changements positifs profonds s’opèrent actuellement, certaines autres frontières disparaissent :
1.
La reconnaissance de la valeur des ‘services
écosystémiques’ qui fait que les entreprises puisant dans les ressources
naturelles sans en payer le juste prix se verront forcées de considérer tous
les coûts réels de leurs prélèvements ;
2.
Une première au Canada et la 3e au monde : une rivière acquiert sa propre personnalité juridique comme un Humain… le 16 février
dernier, la MRC de Minganie et le Conseil des Innus d’Ekuanitshit ont adopté
des résolutions distinctes, mais similaires accordant à la rivière Magpie
neuf droits juridiques, dont le droit de couler, de maintenir sa
biodiversité naturelle et d’intenter une action en justice.
3.
La majorité de grandes entreprises adoptent
systématiquement une approche de développement durable (la base étant les 3 P :
People, Planet… Profit) et l’économie circulaire deviendra la norme
d’ici quelques années : au lieu du modèle linéaire du « je prends
des ressources naturelles, je les transforme/les vends et les consommateurs les
jettent après usage ; c’est comment systématiquement réutiliser, réparer, partager
ou réintégrer dans les chaines d’approvisionnement.
4.
Les compétences doivent devenir transversales
à travers divers secteurs économiques. Le tourisme doit s’éclater et
participer aux grandes réflexions actuelles. Ainsi, voyager c’est évidemment
beaucoup du transport. Les enjeux urbains et interurbains de la mobilité
doivent tenir compte de tous les usages. Même chose pour nos forêts,
l’industrie forestière doit accepter de partager sa « priorité d’usager’
sur notre territoire avec les pourvoiries, les activités de tourisme
d’aventures, les Premières Nations et les exploitations alternatives telles que
les acéricultures et la protection naturelle systématique.
Il faut individuellement et dans son entreprise/organisation touristique participer à ces transformations. Il faut réduire nos niveaux de consommations et celles de nos clients, nos façons d’utiliser nos équipements, nos sources énergies, nos matériaux. Moins polluer. Mieux respecter les environnements naturels et humains visités. Heureusement qu’en tourisme au Québec, il y a des leaders et des travailleurs de moins de 35 ans, ce sont eux tout comme les voyageurs de ces générations qui vont accélérer le tempo de la transition, car je constate que mes confrères et consœurs Baby-Boomers et de la génération X continuent de vivre comme si après COVID, tout redeviendra comme avant… Ils voient le tourisme durable comme on voyait en 2000 l’importance des médias sociaux en marketing touristique : il faut s’y intéresser, mais on verra « ce que ça donne’ !
Surtout il nous faut de nouvelles technologies basées sur l’Internet
des objets, des outils de diagnostics et d’indicateurs accessibles
et conviviaux pour toutes les PMEs permettant leur intégration dans l’économie
circulaire et des fonds financiers adaptés à nos réalités pour réussir
cette transition du tourisme durable.
C’est précisément ce type de réflexions transversales que le
nouvel OBNL Tourisme durable Québec lancé officiellement le 13 avril, vous
convie : comment ensemble, dans l’action, réussir sa transition
d’entreprises et d’organisations en s’assurant d’avoir les bons renseignements,
les meilleurs outils et en célébrant les meilleures pratiques durables d’ici et
d’ailleurs. D’ailleurs, plusieurs bénévoles dans l’organisation proviennent d’universités
(UQAM, UQAC, UdeSherbrooke), d’organismes durables (CQDD, FAQDD) et même du
milieu artistique — Sébastien Lacombe — dont voici la chanson officielle de l’organisation.
Jean-Michel Perron
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