Passer au contenu principal

TOURTE VOYAGEUSE ?


La Tourte Voyageuse...

On appelait la tourte aussi « pigeon migrateur » ou « colombe voyageuse  »(Ectopistes migratorius). Elle est une espèce d'oiseaux, aujourd'hui éteinte. Il y avait entre 3 et 5 milliards d’individus quand les Européens ont mis le pied en Amérique du Nord. Au Kentucky, en 1813, le naturaliste et peintre d’origine française John James Audubon a raconté que les volées se succédaient des jours durant et obscurcissaient le ciel « comme une éclipse ». Une seule d’entre elles comptait 115 millions d’oiseaux, avait-il estimé. Leur vol bruyant rendait impossible toute conversation.

Prisée pour sa chair, semblable à la tourterelle triste mais plus grosse et plus colorée, la tourte voyageuse passait l’hiver dans le sud des États-Unis et l’été dans le sud du Canada, de la Saskatchewan à Terre-Neuve. Elle nichait surtout autour des Grands Lacs, mais aussi au Québec, jusqu’au lac Témiscamingue. Souvent considérée comme une calamité par les agriculteurs québécois, elle fut même « excommuniée » à plusieurs reprises par le clergé. D’ailleurs, dès le début des années 1800, la population semblait moins nombreuse. Mais c’est 50 ans plus tard, avec le début de la chasse commerciale, que le coup fatal allait être porté. Environ 5000 chasseurs professionnels traquaient alors l’oiseau toute l’année avec tous les engins à leur portée, surtout les filets. Ils pouvaient en capturer 1000, 2000, voire jusqu’à 5000 en une journée. Des centaines de milliers d’oiseaux étaient livrés vivants pour des compétitions de tir. Des millions de carcasses étaient acheminées par train dans les grandes villes. Un chasseur a vendu à lui seul 3 millions d’oiseaux en un an.

En 40 ans, l’espèce a été décimée. La dernière tourte sauvage aurait été abattue en 1900, mais certaines sources indiquent qu’un spécimen aurait aussi été tué à Québec en 1907. Si la chasse commerciale a détruit des centaines de millions de tourtes, plusieurs autres facteurs ont aussi contribué à la disparition de l’espèce. La déforestation massive, à des fins agricoles ou pour la construction urbaine, a eu un impact majeur. Non seulement les aires de nidification de l’oiseau ont été éliminées, mais aussi son habitat naturel et ses sources de nourriture – glands, faînes, fruits, etc. Le zoologiste Albert Hazen Wright signala en 1914 que la toute dernière représentante de l'espèce, une femelle baptisée Martha, était morte dans sa cage au zoo de Cincinnati dans l'Ohio le 1er septembre de la même année. Six spécimens ayant été naturalisés avant l'extinction de l'espèce, on retrouve un de ces spécimens dans une vitrine au Cégep régional de Lanaudière à Joliette tout près d’où je rédige ce blogue.

__________________________________

Sources :  La Presse, Pierre Gingras  & Wikipedia.

Photo de gauche :   Dessin de 1920 d'une tourte voyageuse.(Wikipedia)

Photo de droite : «  Tableau de chasse » , anonyme. http://www.space-news.be/2014/271014a.html

 

 


Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Comment éviter l’écoblanchiment et respecter la nouvelle loi canadienne ?

  Source photo: Radio-Canada Chronique réalisée suite à des entrevues avec : Merci Julien O. Beaulieu, chercheur avec le CQDE Merci Julien Galtier, Masse Critique Merci Marc Paquin, Planetair Enfin, comme en Europe  depuis janvier 2024; en  France, depuis janvier 2023 et en Californie  depuis le  1er janvier dernier, inspirée d’ailleurs par la réglementation française -  les entreprises qui surévaluent ou mentent, consciemment ou inconsciemment sur leur respect de l’environnement  ne peuvent plus légalement le faire au Canada depuis juin 2024.  Excellente nouvelle pour les clients/visiteurs et pour les entreprises qui agissent réellement pour la Planète !  Mais qu’est-ce qui constitue de l’écoblanchiment et en quoi la nouvelle loi risque-t-elle de vous impacter ? Voilà les questions que vous devriez considérer dès maintenant. Définition écoblanchiment : On parle d’écoblanchiment lorsqu’un acteur partage une information environnementale fau...

Tourisme au Québec : déni face à l’urgence climatique PARTIE II : Le déni expliqué par le facteur humain

  En première partie, dans une autre chronique , j’avais fait le constat de la faible performance de la destination " Québec" en durabilité. Aujourd’hui, comment expliquer qu’on n’agit pas en conséquence, sachant l’urgence ? Mes recherches pointent vers  L'INERTIE SYSTÉMIQUE comme le frein majeur à la transformation   de  notre industrie touristique québécoise. Cette inertie, elle-même provoquée par des biais psychologiques de personnes en poste d'autorité, semble expliquer qu'ailleurs sur la planète des destinations comparables (Finlande, Nouvelle-Zélande...) agissent, elles, avec brio, comme le commande l'urgence climatique, tout en assurant la croissance responsable de leurs entreprises. On comprend que les gaz à effet de serre (GES) et leurs corollaires, le réchauffement climatique, la pollution, la dilapidation des ressources qui ne sont pas illimitées et les risques de pandémie représentent des menaces existentielles qui ne connaissent pas de frontières...

L’avenir du tourisme international selon Deloitte/Google. Et les enjeux qui viendront bouleverser ce scénario optimiste.

  Une excellente recherche anticipative vient d’être produite. Le volume des touristes internationaux, poussé par l’après-guerre avec la montée d’une vaste classe moyenne occidentale et les vols longues distances, sont passés de 25 millions en 1950 à 1,454 milliard en 2019 . Cette année, nous aurons après la chute pandémique, rejoint à nouveau ce volume de 2019 (à 96%) et selon Google/Deloitte, nous atteindrons 2,4 milliards en 2040.  À l’analyse de milliards de requêtes sur Google dans 230 pays, de consultations de dizaines d’experts et de statistiques officielles depuis 50 ans, voici les constats actuels et les principales « prédictions » de Deloitte/Google, produite le 1 novembre dernier, dans leur rapport Vision 2040 (hyperlien à la fin) avec mes commentaires et les enjeux majeurs sous-estimés, à mon avis. 1. J’ai apprécié la section des facteurs positifs et négatifs   - pages 30-31-32 - qui vont impacter les entreprises touristiques d’ici 2040. Que fait-on pour s...