La crise actuelle révèle l’importance relative de notre secteur.
Loin derrière la santé, l’éducation et l’agriculture, COVID-19 permet de constater que le tourisme n’est pas un service essentiel. Et avec raison dans cette perspective. On peut vivre tous les jours sans voyager et on va survivre mais il nous faut se nourrir, se vêtir, avoir un toit, se garder en santé et assurer l’éducation de nos enfants. COVID nous met cette réalité en plein visage : les interventions d’urgence de nos gouvernements, donc de notre société depuis mars dernier et encore aujourd’hui, ne priorisent en rien le tourisme malgré que nous soyons le secteur le plus affecté en terme de pertes d’emplois et de revenus, toute proportion gardée. Nous tous, comme industrie, avions fait des gains importants depuis quelques années afin d’être reconnus en tant que secteur majeur dans l’économie du Québec et du Canada. Aujourd’hui, nous sommes ramenés à la réalité des priorités sociétales en période d’urgence.
D’un autre côté, convenez que le
tourisme et la culture sont les bases de ce qui rends l’Humain, humain.
C’est-à-dire d’avoir la capacité de s’élever au-delà des besoins essentiels du
quotidien et de donner un sens à la vie par le bonheur de découvertes et de cheminements
physiques, émotionnels et/ou spirituels.
Ces découvertes et ces cheminements sont provoqués, entre autres, par les arts dans le
confort de son foyer ou dans sa ville et aussi par d’autres réalités, d’autres
personnes rencontrées lors d’un voyage. Le tourisme devient ainsi essentiel
pour s‘accomplir et fournir une autre dimension à l’activité humaine. Il le
sera encore plus après COVID car l’appel de la nature - alors que nous sommes
plus urbains que "régionaux" vivant en milieu naturel - constitue un aimant puissant dans le contexte
paradoxal d’une chute dramatique de notre biodiversité. Certes, certains et
certaines d’entre nous pourrions potentiellement atteindre la pleine conscience
et le bonheur sur terre par l’accès à un état spirituel élevé sans sortir de sa
demeure. Mais pour la très grande majorité, le stimuli externe provoqué par le voyage et suscitant l’émotion, demeure un prérequis à notre évolution et à notre bonheur personnel
et collectif en faisant prendre conscience que nous sommes tous sur la même
petite planète, partageant les mêmes ressources et s’impactant les uns envers
les autres.
Le tourisme enrichit également
notre Humanité car :
· 1. Plus tu découvres les espaces naturels, plus
tu veux les protéger (alors que le voyage engendre par lui-même des
impacts négatifs sur l’environnement, ce qui exige d’être compensé dans
l’avenir). Voyager permet de nous conscientiser à se responsabiliser tous
les jours chez soi envers la planète et la crise climatique. Prochainement, le
tourisme contribuera encore plus à augmenter la protection de zones naturelles au Québec
et dans le monde;
· 2. Plus tu voyages, moins tu as de préjugés
envers les autres. Le voyage élargi tes manières de penser et
de voir le monde. Il est la Paix;
· 3. Un emploi sur 12 sur la planète est en
tourisme dont une majorité de femmes. Voyager permet de combattre les
inégalités entre le Nord et le Sud mais également dans les sociétés;
· 4. Il donne une plus grande autonomie à des
régions et à des communautés qui autrement feraient face à l’exode vers la
ville;
· 5. Il maximise l’innovation technologique permettant
un monde plus fluide et accessible;
· 6. Le tourisme encourage la protection des
cultures millénaires - dont
celles des peuples autochtones - car il se nourrit des différences qui
enrichissent les expériences du voyage.
Le voyage survivra à l’actuelle crise sanitaire car il est essentiel à l’accomplissement humain. Sa transformation en regard de cette crise et surtout de la crise climatique est impératif. Souhaitons que le voyage soit reconnu pour ce qu’il est vraiment : un fertilisant de la vie sur Terre comme le vent polinisateur qui dissémine les graines. Tout comme pour la culture et les arts, notre société doit choisir, au-delà de la santé et de l’éducation, de protéger ses acquis qui font de nous qui nous sommes et qui nous pouvons devenir.
Jean-Michel Perron
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