Le
gouvernement du Québec annonçait le 18 septembre dernier un investissement de
fonds publics de 9 millions de dollars dont 5 millions$ directement d’un fonds
touristique incluant 2$M en subvention non-remboursable.
Océania ce sera une piscine à
vagues; une piscine récréative avec une
section de bassins à jets; un espace
pour enfants avec jeux d'eau; un bassin de surf; sept glissades et une tyrolienne.
Il
servira à soutenir des promoteurs immobiliers. Ce parc aquatique et
la valeur touristique qu’on veut y accoler, c’est l’appât, l’apéro.
Voici
pourquoi ça ne fait pas de sens d’investir des fonds publics touristiques:
1. Crise sanitaire : Nos entreprises existantes doivent
jongler avec un avenir incertain et maintenant le gouvernement appuie la
création d’un projet qui viendra leur faire directement compétition. A 54km de
Beloeil se trouve l’Amazoo
de Granby ; à 79km, l’aquaparc du Parc Safari
!
Nos fonds publics doivent servir dans le contexte des 3
crises (sanitaire, économique et climatique) à soutenir les entreprises
actuelles, à les transformer écologiquement ou à créer un projet vraiment innovateur
et structurant. Pas à leur faire compétition. Ça ne fera que diminuer les portions de la même
tarte !
2. Océania : un projet touristique ? Aucune valeur
ajoutée à notre offre touristique québécoise. Je n’ai pas vu leur étude de
marché en tourisme, mais ce qui est certain, c’est que la clientèle hors-Québec
ne sera pas leur clientèle. Des parcs aquatiques, ce n’est pas ce que
recherchent les clientèles internationales au Canada…Donc, ça n’apporte
aucun argent neuf dans l’économie
québécoise. Océania va faire plaisir à la firme immobilière Intella, aux familles de la rive Sud de Montréal en plus de certaines autres québécoises de
d’autres régions en hiver. L’été, Océania va essentiellement déplacer certaines
clientèles qui vont déjà à Granby, Hemingford, Valcartier ou à Calypso près d’Ottawa. Pourquoi alors prendre des fonds
touristiques ?
3. Crise climatique : Je n’ai pas les données pour juger de la
durabilité environnementale du projet Océania. Mais il faut rapidement
s’assurer que les fonds publics vont vers de projets durables en tourisme en
transformant nos programmes gouvernementaux avec des critères
d’écocondionnalité (conditionnels au respect d’exigences environnementales
précises) tel que le commissaire
au développement durable québécois le recommande
depuis longtemps. Continuer d’investir comme on l’a toujours fait est
suicidaire pour notre planète alors que les fonds publics doivent servir en
priorité à transformer nos entreprises existantes afin de les rendre
écologiques et durables. Ce que j’ai argumenté longuement au cours des
dernières semaines sur mon blogue…
Citations
du communiqué gouvernemental :
« Je suis convaincu que le parc aquatique intérieur
deviendra une attraction majeure dans la Vallée-du-Richelieu. Il s'agit d'une
excellente nouvelle pour notre économie et notre communauté. » - Simon Jolin-Barrette, ministre
responsable de la région de la Montérégie.
Mon commentaire ? Je suis d'accord avec le ministre. Mais ce projet ne va créer aucune richesse globale au Québec et ne va que « déplacer l’argent dépensé »
d’une région à une autre. Le fait que le complexe soit intérieur ne change rien
au fait que ce n’est pas du tourisme. Oui il
y aura des excursionnistes québécois en hiver, mais ce sera des dépenses
prises à même le budget discrétionnaire des familles. Et en passant, je n’ai aucun doute du succès commercial de ce projet (surtout avec
autant de fonds publics) mais pourquoi ces fonds touristiques à Océania alors qu’on tarde à soutenir, par
exemple, le projet structurant TREQ ?
« …Un
atout de haut calibre pour la destination touristique vibrante qu'est la
Montérégie …ce projet d'envergure a le potentiel d'attirer une large
clientèle » - La ministre du tourisme Caroline Proulx.
Mon commentaire ? Le tourisme a le dos large. Il s’agit
d’un projet immobilier et résidentiel au départ qui a besoin des fonds en
« tourisme ». Au lieu d’un
parc aquatique, ça aurait pu être un stade de soccer ou un marché public. Ce
projet, au final, est tout autant touristique que Trump est sain d’esprit.
A
quand le changement de nos critères d’investissements publics en tourisme ?
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