Mes 2 souhaits pour 2024 : dans le panier les cellulaires et préserver le français en tourisme au Québec
Je rêverais de deux changements de comportement en tourisme au Québec cette année, qui nous rendraient tou(-te)s meilleur.es. Pourquoi pas?
Nos rencontres de travail et sociales plus enrichissantes sans cell
4 heures par jour sur son cell, c’est 60 jours par année. 2 mois par année! La dopamine nous tient vissés à nos petits écrans. Mais l’efficacité au travail, l’équilibre personnel et l’enrichissement par les contacts humains en souffrent. Avez-vous remarqué cette mauvaise tendance qui s’accélère dans nos réunions de travail en équipe? Celle de l’inattention par des regards discrets, mais fréquents sur nos appareils? En visioconférence, c’est souvent pire pour plusieurs, la décroche totale.
Pour le bien de notre humanité et de l’efficacité au travail, et même lors de repas en groupe, pourquoi ne pas simplement déposer dans un panier tous les appareils, le temps de la rencontre?
Haro sur le franglais en tourisme : respectons qui nous sommes
Second souhait : de plus en plus, des mots anglais s’immiscent sournoisement dans le tourisme d’ici. Être bilingue en tourisme est une nécessité pour accueillir nos visiteurs, mais pas entre nous. Au contraire.
Une langue, c’est plus qu’une addition de mots. C’est une façon de voir le monde, une manière de dire qui nous sommes. Une façon d’interagir, de vivre et de ressentir. Le français parlé au Québec, avec ses accents régionaux, celui de Montréal, de la Beauce, du Lac-Saint-Jean, des Îles de la Madeleine… c’est ce français qui mérite d’être préservé et constitue une richesse touristique.
Ce que j’observe depuis quelques années dans l’industrie touristique du Québec (voir ici un article précédent à cet effet) me rappelle mes premiers contacts, il y a 40 ans, avec les sympathiques «Brayons» de la région d’Edmundston, au Nouveau-Brunswick : joli accent, mais langue difficile à comprendre et assimilation rapide à l’anglais majoritaire. Même chose observée à Lafayette, en Louisiane : le français langue mourante. Ces riches cultures centenaires disparaissent devant nos yeux.
Demo Day, Reverse Pitch, Product4Good…
Source : MT Lab
Lire les communications du MT Lab, par exemple, c’est comme écouter une émission d’OD alors que régulièrement, des sous-titres en français doivent être placés pour aider à la compréhension de ce qui se dit. Cette mode venue de France, de placer des mots en anglais dans tout et rien, simplement pour faire «branché» déprécie notre langue, notre culture. Certains y voient la force de la mondialisation, avec l’anglais comme langue commune. Ce serait aussi générationnel. C’est dans l’air du temps: «C’est quoi le problème d’utiliser des mots anglais?», que j’entends régulièrement lorsque j’en discute avec les 30 ans et moins. Réfléchir ainsi à courte vue, le problème, mon «kid», tu vas le voir lorsqu’il sera trop tard… Communiquer en franglais, c’est comme faire l’amour à moitié: tu ne réalises pas ce que tu manques au final, ou si oui, alors tu t’en fiches et tu te contentes de peu. Innovons plutôt en créant des mots avec l’Office québécois de la langue française, comme on l’a fait pour «courriel» au lieu de mail, et plus récemment, «tracances» au lieu de «bleisure». Un peu de fierté, bordel!
Une responsabilité corporative
Source : Hôtel Château Laurier Québec
Comme entrepreneur ou comme dirigeant d’une organisation sectorielle, n’est-il pas de notre devoir d’être de fiers ambassadeurs de notre langue et de notre culture?
De surcroît, lorsqu’un organisme est essentiellement financé par des fonds publics, le donneur d’ouvrage (le MTO, DEC, ou toute autre entité gouvernementale) se doit d’exiger le respect du français dans les communications de toute organisation commanditée qui doit donner l’exemple en résistant au franglais.
J’ai mal pour toutes nos générations passées qui se sont battues pour maintenir le français en terre d’Amérique. On parle, en tourisme durable, de respecter la culture locale; encore faudrait-il qu’on se respecte soi-même et qu’on donne l’exemple, nous, les professionnels du tourisme.
Bonne année!
Jean-Michel Perron
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