Inspirations au plus grand salon touristique mondial (volet 1 de 3)
(photo: Ron Simard, représentant cri du tourisme d’Ouje-Bougoumou, m’accompagnait dans le volet conférence d’ITB.)
La première fois que j’ai assisté à ITB Berlin,
c’était en 1985, quatre années avant la chute du mur. J’ai vu ainsi le poste de
contrôle Check Point Charly, tenu par les Américains, face à l’URSS. Les
Berlinois possédaient à l’époque une vraie mentalité d’insulaires :
sympathiques, accueillants avec une grande joie de vivre. ITB a toujours donné
la température de l’état du tourisme mondial. Cette année (mars 2023), avec ses 4 500 exposants et la présence de 190 pays (voir
plus bas quel pays, que l’on connaît bien, était absent cette année), on ne
peut que prendre plaisir à voir et entendre ce qui émerge de notre secteur. Deux
mots clés ont transpiré partout cette année : DATA et DURABILITÉ; le
buzzword «innovation» étant dans les propos, presque entièrement évacué. Voici
des extraits de rencontres et de conférences inspirantes.
1.
Grosse contradiction : Le tourisme génère 8% des GES de la
planète, avec une hausse anticipée de 169% d’ici à 2050 dans le contexte de la
croissance actuelle du secteur, alors que les Nations Unies appellent à une
réduction de 50 % d’ici 2030... Cherchez l'erreur !
2.
Deux grands écarts. Dans
les sondages, 97% d’entre nous voulons agir durablement, mais seulement
13% le faisons réellement… de plus, en tourisme, grand écart
entre ce que les voyageurs attendent de leurs expériences touristiques auprès
des PMEs et ce que les entreprises pensent qu’ils attendent d’elles… il faudrait
prioriser une vraie approche client, peut-être?
3.
L’Office du tourisme de Malaga a
déployé 300 caméras extérieures, véritables capteurs d’émotions, pour
analyser où les visiteurs et les citoyens sont les plus heureux. «Ce
que tu ne mesures pas, n’existe pas», affirme son directeur. On a moins de
visiteurs au centre-ville, car la durée de séjour s’est allongée et les
visiteurs se dispersent mieux…
4.
Randy Durband, CEO de
GSTC (la police des certifications en
tourisme) : «C’est le bordel total en Europe, alors que des labels se font
passer pour des certifications…». La clé, c’est l’obligation d’avoir un audit
externe et indépendant pour les entreprises qui veulent devenir certifiées
durables! La Turquie et Singapore vont exiger une certification
touristique obligatoire à toutes leurs entreprises d’ici 2030, certification
reconnue par GSTC.
5.
Plusieurs fois entendu à ITB, et je le
dis depuis 3 ans : le tourisme d’affaires sera la locomotive de la
transformation durable parce que les grandes entreprises, avec leur personnel qui voyage (MICE), doivent démontrer leurs
actions durables (ESG/RSE) face à leur CA. De plus, en 2025, partout en
Europe, il sera obligatoire d’avoir son rapport durable annuel, tout comme ses
états financiers.
6. Hébergement collaboratif
(sur la photo, Richard Au, Airbnb, Head of Global Business Development; Dr.
Patrick Andrae, HomeToGo, Co-Founder & CEO; Tim Rosolio, VRBO)
Avec les hausses récentes des prix de l’hôtellerie
traditionnelle et la croissance du «Workation/Bleisure», voici
3 diapos qui devraient grandement inquiéter le secteur hôtelier par
rapport aux Airbnb de ce monde :
7.
Destination Vancouver
Island, après 60 ans d’existence, s’est
transformée l’an passé en une entreprise à vocation sociale qui redonne aux
communautés locales servant les citoyens en premier et ensuite les visiteurs…
8.
Durable et pratique : la
compagnie autrichienne de train OBB ramène les trains de nuit avec
cabines (dont pour voyageurs solo) incluant toilette/douche privée. «C’est aux
établissements d’hébergement à faire la promotion auprès de leurs clients de
transports plus durables.» Note de JMP : Comme le
transport représente 75% des GES en tourisme, les hôteliers ont un grand rôle d’influence
à jouer en faisant la promotion de mobilités durables (transport en commun
autre que l’avion) auprès de leurs clients en amont… Et Via Rail, où en
êtes-vous pour des services adaptés à la réalité de 2023 et la promotion
durable?
9.
Le Canada, un des
rares pays absents au plus grand salon tourisme mondial! Même l’Ukraine y était... Je croyais, pour la
notoriété de notre tourisme, qu’il n’y avait pas pire situation que le kiosque
fade et insipide du Canada dans les éditions de 2019 et précédentes. Je me suis
trompé, il y a pire : l’absence totale de la destination cette année… de
rares entreprises canadiennes se sont regroupées sous un petit drapeau et avec
une seule entreprise québécoise : MISA Tours de Victoriaville. Les
«pavillons» de l’Arabie saoudite ou de l’Égypte sont gigantesques et
spectaculaires, mais comparons-nous seulement avec la Nouvelle-Zélande :
lequel dégage une image professionnelle et conviviale, à votre avis?
10. Un clin d’œil techno? Des hologrammes produits sans
application, simplement via un site Web ou une vidéo sur ton téléphone
intelligent avec une "petite pyramide inversée pliable" : www.holo2buy.com.
(volets 2 et 3 à suivre)
Jean-Michel Perron
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