Avec 4 500 exposants et 190 pays représentés, ITB Berlin est de loin le plus vaste salon «industrie» en tourisme au monde. Pour la seconde fois en 4 ans, rencontre au début du mois avec le professeur Hans Joachim Schellnhuber, le physicien et conseiller scientifique du gouvernement allemand qui a changé ma vision du monde en 2019 par son ton posé malgré les chiffres qui marquent l’esprit, sa logique implacable et sa profonde compréhension des enjeux climatiques, donc existentiels.
En mars 2019, j’écrivais cet article «coup de poing» sur l’absence totale du tourisme durable dans les politiques du gouvernement du Québec, alors que notre ministre faisait la tournée des régions et que l’enjeu des ressources humaines obnubilait le discours (et avec raison). J’avais écrit une longue lettre à la ministre et à son équipe sur l’urgence d’agir. Que de chemin parcouru depuis ce temps, et ce n’est que le début de cette odyssée qui transforme profondément notre tourisme.
Prof Joachim, cette année, maintient son inquiétude sur notre avenir (voir diapo sur l’Europe avec la fonte possible des glaces), mais apporte des solutions. Quelques extraits de sa conférence :
- LA grande contradiction actuelle du tourisme : le tourisme génère 8 % des GES de la planète. L’OMT (ONU) demande une réduction de 50 % de ceux-ci d’ici 2030, alors que la croissance des GES en tourisme actuellement nous mène à 169 % de hausse d’ici 2050 !
- Deux pays vont bien s’en sortir concernant le climat : la Russie et le Canada (en jaune sur la photo)
- L’iniquité climatique entre les pays riches et pauvres ne doit pas obnubiler le déséquilibre à l’interne de chacun de nos pays avec une petite minorité qui génère énormément de CO2. Pour protéger notre avenir, il faut instaurer un bilan carbone personnel à 3t eqCO2, par année, par personne (forçant ainsi les plus riches à réagir, soit en diminuant leur empreinte carbone, soit en achetant des crédits des plus pauvres). Au Québec, nous sommes actuellement à 9,5t rqCO2, le plus bas au Canada grâce à notre électricité verte.
- Pour régénérer le climat, le bois est la solution dans nos constructions (éviter le ciment et l’acier) en construisant 2 milliards maisons, et il faudrait planter 50 arbres par humain en moyenne
- Les sports d’hiver ont peu d’avenir dans plusieurs pays (note JMP : contrairement au Québec) et la notion du « Sportblanchiment » s’étend (on a qu’à penser au Jeux asiatiques d'hiver dans le désert d’Arabie en 2029 !!)
- L’Europe, si toute la glace de notre planète fond (scénario scientifique possible) :
En conclusion, Prof Joachim constate que nous poursuivons notre route pour frapper un mur climatique, mais que les solutions existent… encore faut-il que les gouvernements prennent des décisions courageuses, même si impopulaires.
Jean-Michel Perron
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