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Les « prêt-à-camper » devenus des centres de villégiature ! Deux modèles : KOA et Hôtel Uniq

 

        Crédit-photo : Étienne St-Pierre. Myriam Corbeil, PDG, Hôtel Uniq

La popularité et la croissance du prêt-à-camper (glamping) n’est plus à démontrer. L’excellente synthèse produite en 2017 par le Réseau de veille de la Chaire de tourisme Transat expliquait cette tendance et l’imageait par des exemples concrets.  

Aujourd’hui, je vous présente deux évolutions  inspirantes et récentes du secteur : la multinationale du camping KOA  avec son projet-pilote de luxe dans le Maine  et l’hôtel Uniq, ce village nomade de la forêt québécoise.

TERRAMOR (KOA)

Le phénomène du prêt-à-camper n’est pas nouveau, mais il se standardise, adopte le concept du « centre de villégiature »  et intéresse les grosses corporations.  Créé il  y a 60 ans par deux gars près du parc national Yellowstone qui ont décidé d’offrir moyennant rémunération des emplacements rustiques de camping, Kamping Of America (KOA) saisit ce nouveau marché sous l’appellation Terramor (en français, un bon titre pour un film d’horreur !) initié dans le Maine en 2020 avec 64 tentes prospecteurs, service de massage, de bar et un restaurant.  Taux d’occupation de 77% la 1re année.



« Nous avons vu avec la pandémie des gens chercher des façons uniques de découvrir le plein air, et tout le monde n'est pas intéressé par le camping traditionnel. ….Nous n'appelons pas cela faire du glamping. Nous l'appelons un centre de villégiature de plein air. Nous avons un pavillon avec service de restauration. Nous avons des tentes avec des lits, des draps confortables et des foyers personnels. Chaque tente a sa propre salle de bain, ce qui est une grande différence. Comme dans un centre de villégiature classique, nous avons beaucoup d'activités. Nous avons ces beaux télescopes et nous offrons des interprètes pour diriger l'observation des étoiles. Nous avons du yoga et du Pilates. Notre « navire amiral » Terramor est dans le Maine, nous faisons donc cuire du homard une fois par semaine…. Notre tarif moyen pour un emplacement de tente à K.O.A. est de 42 $ la nuit, un  site VR, c’est  55 $ et un chalet de luxe est à 137 $. Le tarif moyen à Terramor est de 400 $ la nuit

- Toby O’Rourke, la dg de KOA. (source : NY Times, 9 avril 2022)

Petite observation perso sur ce 400$US par nuit : on a tendance au Québec - en dehors de Québec et de Montréal et surtout avec ce qui n’est pas de l’hôtellerie classique comme ici avec ces tentes de luxe - à penser que ce sera invendable à ce niveau de prix. L’exemple du Maine (pas près de New York , Palm Springs ou de Salt-Lake City!) prouve le contraire…évidemment, ne dépendre que de la clientèle québécoise ne pourra fonctionner car on a pas la force du marché domestique des USA. Il faut les clientèles de l’outre-mer, le ROC et les Etats-Unis qui ne vont y séjourner qu’avec un produit d’appel fort et adjacent (ex : parc national à proximité, communauté autochtone, etc.)

Éléments du concept Terramor :

·       Pavillon avec restaurant

·       Piscine inspirée de la nature

·       Un « cercle de feu » commun pour tous

·       Un parc pour chiens

·       Salle de massage

·       Une salle de bain privée et un  « cercle de feu » dans chacune des tentes (bois inclus)

 

HÔTEL Uniq

        Crédit-photo : Nyux Média

À moins de la moitié du prix de Terramor au Maine, l’hôtel Uniq (179$) -  ce village nomade - propose des tentes beaucoup plus sobres que  dans le Maine tout en demeurant dans un contexte « de luxe », si on définit -  comme on devrait d’ailleurs le faire -  le luxe comme étant de pouvoir vivre une expérience personnalisée, à échelle humaine, dans un contexte de confort, d’authenticité et de services, ce qui est le cas ici.

« On voulait au départ une auberge de jeunesse dans le Sud ! » me confire Myriam Corbeil, la jeune et dynamique entrepreneure de l’hôtel Uniq qui offre à sa 3è saison 18 tentes. « Ensuite, c’est le concept des hôtels «  pop-up » des Pays-Bas et les tentes de luxe dans le désert du Maroc qu’on voulait adapter pour le Québec… » poursuit-elle.

 

        Crédit-photo : Jean-Marie Savard

L’hôtel Uniq en 2022 ce sera un village éphémère de 18 tentes  à compter du 16 mai au Parc de la Gorge de Coaticook  et ensuite , en mi-été et jusqu’au 16 octobre, au Domaine Saint-Bernard à Tremblant. Les repas ne sont pas inclus, mais il y a une grande tente communautaire pour cuisiner  ou encore possibilité de se faire venir des repas préparés d’avance.

«  Ça nous prend 3 jours pour monter le site et 2 jours pour le démanteler et de plus on offre un service  mobile de 8 tentes pour des activités corporatives, mariages, etc. », précise Myriam qui gère le tout avec  3 employés.

Profil des clientèles

·       De 30 à 55 ans provenant de Montréal et de Québec

·       20% de familles

·       Passionnés de la nature

·       Recherchent un tourisme de bien-être

·       Minimum 2 nuits par séjour

Appréciation par les clients

·       L’esprit communautaire  des lieux

·       Le grand confort dans la nature

·       Service à la clientèle

Une véritable approche durable

·       Rédaction d’un plan de développement durable pour réduire leur empreinte GES

·       Achat de produits et services locaux (mobilier du Québec, raconteurs d’histoires locaux)

·       Énergie solaire et batteries rechargeables maximisées

·   Intégration dans la communauté locale (loyer versé, invitation aux citoyens à l’événement hebdomadaire sur le site, etc.)

·       Gestion des matières résiduelles (recyclage, compostage)

·       Savons et nettoyants biodégradables

·       Code QR dans les tentes pour sensibiliser les clients à un comportement responsable

·       Toilettes compostables (le seul bémol dans l’appréciation des clients, celui de ne pas avoir de salles de bain privées)

·       «  On  laisse zéro trace après notre départ !»

 Le rêve, l’ambition de Myriam Corbeil ? Pouvoir se payer plus de personnel, offrir plus de villages comme celui-ci, offrir des franchises et surtout recevoir gratuitement, en séjours de mieux-être, certains types de visiteurs comme les travailleurs.euses de la santé et les jeunes.

Inspirant !

 

 

Jean-Michel Perron

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