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ATR, Offices, MRC : la transformation des OGD

 


                Photo: Office du tourisme de Trois-Rivières, l'une des multiples OGD présentes au Québec

Organisations de Gestion de la Destination (OGD): repenser l’accueil, sa mise en marché et son développement de l’offre

Comme on dit, les temps changent. On voyait les OGD comme les  gestionnaires d’une destination touristique. L’avenir appartient maintenant aux organisations qui se considèrent avant tout comme les gardiennes et les jardinières de villes, de quartiers, de campagnes, de forêts où vivent des gens avec leurs cultures distinctives et une biodiversité maintenant fragilisée. On part du « tourisme de destination » vers des « lieux où vivent des gens, des plantes et des animaux »…

Les OGD sont les coopérants « terrains » qui cimentent le secteur privé du tourisme, les organisations nationales et les gouvernements. Leur rôle est aujourd’hui appelé à évoluer sensiblement sous la force des changements sociétaux et environnementaux qui  s’accélèrent.

 NOUVEAUX OBJECTIFS :

·       Adaptation aux changements climatiques et résilience[1]

·       L’urgence ? Diminuer ses GES (décarboner) implique un diagnostic et considérer  que le transport en tourisme c’est 75% des GES. Il faut repenser nos façons de se déplacer vers la destination, en ville, à la campagne et dans la forêt (covoiturage, mobilité douce, intermodalité, transport en commun, autocars à biogaz ou hydrogène…)

·       Combattre la pollution et la perte de biodiversité

·       Maximiser  les ressources actuelles (par une participation active à l’économie circulaire)

·       Régénération[2] : devenir des gardiens et jardiniers de la Nature et des cultures. Passer de la compensation à la contribution !

ACTIONS À PRIORISER :

1.       Être durable dans son organisation  (7 étapes  de la transition développées et publiées prochainement par Tourisme durable Québec)

2.      Accompagner ses PMEs (transformer votre poste de développement de l’offre vers un rôle d’accompagnement, du type « écoleader »)

3.      Gérer les flux touristiques afin de respecter les résidents, la biodiversité et la qualité des expériences des visiteurs : la technologie est ici un incontournable !

4.      Appuyer, initier, parrainer des projets régénérateurs, pas de « mur-à-mur » (biodiversité, captation du CO2, réinsertion sociale, etc.). Un bel exemple: la nouvelle aire protégée  de l’île Bizard

5.      Repenser les métiers du tourisme dans son OGD (conditions d’emploi, formations du personnel – technologies / environnement - , tâches)

6.      Influencer, éduquer les visiteurs (engagement à l’arrivée, parcours verts, partir de qui on est, nos traditions…)

7.       Soutenir  financièrement la transition durable pour ses PMEs (compenser pour les «  primes vertes » à la transition) & écoconditionnalité dans les programmes

8.      Repenser sa mise en marché afin de traduire la nouvelle réalité (attentes des voyageurs transformées; considération pour les résidents et l’environnement)

a.       Encadrer l’offre touristique de sa région: offres durables, volumes, prix, promotion

b.      Agir sur la demande touristique de sa région: nouveaux comportements des voyageurs et/ou incitatifs

9.      Nouveaux indicateurs (des exemples, en plus du nombre et des revenus des visiteurs par marché)

a.       Diminution GES par les PMEs et les visiteurs

b.      Taux de bonheur des citoyens

c.       Impact sur la santé

d.      Augmentation des aires protégées

 

CONDITIONS DE SUCCÈS :

1.       Comprendre le rôle du tourisme sur les enjeux urgents du développement durable (climat, biodiversité, pollution)

2.      Rallier toutes les parties prenantes (citoyens, visiteurs, élus, employés….)

3.    Faire comprendre à ses entreprises et  à ses parties prenantes les avantages et  la nécessité de la transition durable

4.      Savoir prioriser et avoir un processus, une méthodologie de transition crédible : 7 étapes développées par Tourisme durable Québec incluant un guide des ressources disponibles

5.      Offrir un support régulier et flexible à ses PMEs (ateliers, vidéos)

6.      Reconnaissance des efforts et des actions complétées

7.       Éviter l’écoblanchiment (en adoptant une méthodologie solide de votre transition)

 L’avenir de votre organisation et la performance de votre destination dépendent des choix que vous faites aujourd’hui : embrasser le changement avec conviction ou espérer  que le «  business as usual » fasse l’affaire !  

 

Jean-Michel Perron



[1] Outils sur la résilience :  PATA https://crc.pata.org/tourism-destination-resilience/  et le  gouvernement allemand/ONU : https://www.dkkv.org/en/about-us/the-committee

[2] Tourisme régénérateur : « Le tourisme régénérateur nécessite un changement fondamental dans notre façon de voir le monde. C’est un engagement envers le tourisme en tant qu’outil pour créer des communautés d’accueil prospères et pour régénérer et soigner les ressources abîmées. Ce changement philosophique et pratique favorise la collaboration plutôt que la concurrence, la communauté plutôt que l’intérêt personnel, la culture plutôt que la marchandise, l’abondance plutôt que la rareté et le bien-être plutôt que le profit. » - Pauline Sheldon, citée par Carolyne Parent, Le Devoir, 20 mars 2021.


Commentaires

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Salut Jean-Michel.

    Comme tu le sais, tu n’es pas le premier à prédire l’évolution des OGD. Depuis toujours, les observateurs de notre industrie nous informent que le monde est en évolution et que les OGD en tourisme devront inévitablement s’adapter à la « nouvelle réalité » de notre industrie.
    Et vous savez quoi? Vous dites vrai à tout coup!

    Sauf qu’il ne faut pas oublier une chose: les OGD étant des organisations généralement collées sur leurs milieux, elles voient aussi venir ces changements sociaux, économiques, environnementaux. Les priorités et actions des OGD d’aujourd’hui sont à des lieux des actions effectuées par les OGD d’il y a 20 ans, 10 ans, 5 ans…. Au delà de faire leur travail quotidien en appuyant les entreprises de leur territoire et leur milieu, elles se questionnent constamment, écoutent les plus visionnaires, tentent de rassurer les plus conservateurs, cherchent les voies les plus porteuses pour éviter de gaspiller leurs énergies, s’adaptent et évoluent constamment. Bref, les OGD sont parties prenantes de nos écosystèmes socio-économiques locaux / régionaux et sont en permanente évolution… même si ça peut parfois ne pas paraître aux yeux d’un observateur externe. Pourquoi ça ne paraît pas toujours au quotidien? Parce que cette évolution constante ne se fait pas qu'en en parlant. Elle implique un travail de fond qui est assuré tous les jours, sur le terrain, justement par le personnel et les conseils d’administration de ces mêmes OGD.

    Bref, les suggestions, idées, propositions et approches théoriques qui sont portées à l’attention des différentes acteurs de notre industrie (incluant les OGD) sont toutes des sources d’inspiration. Et ça inclut tes idées Jean-Michel. On en a besoin. Bien sûr, on en prend, on en laisse, selon le contexte dans lequel on évolue, selon notre capacité d’agir. Mais je tiens à l’affirmer… la très grande majorité des OGD sont des organisations constamment en mouvement et qui non seulement embrassent le changement, mais contribuent à faire évoluer les choses. Prétendre qu’on doit les faire sortir du « business as usual », c’est bien mal les connaître!

    Denis Brochu
    Directeur général
    Tourisme Lanaudière

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