Avance-t-on comme on devrait le faire pour réussir notre
nouveau tourisme, principalement axé sur la décarbonisation de celui-ci ? Non,
mais ça bouge… Tourisme Québec a publié ce printemps son plan d’action
en tourisme responsable et durable, l’organisation Tourisme durable Québec
(TDQ) a vu le jour et regroupe maintenant les leaders privés et institutionnels
de notre industrie tout en déployant progressivement ses services. Les ATR/ATS
avec l’Alliance de l’Industrie touristique poursuivent la réflexion dans ce
sens.
La sortie de crise des PME touristiques à l’ère COVID-19,
surtout en milieu urbain et la nécessaire relance qui prendra au moins 2 ans,
canalisent toutes les énergies de ces entreprises.
Malgré cela, notre défi collectif consiste à accélérer le
tempo, car passer de 51 milliards de tonnes annuellement de gaz à
effets de serre (GES) que nous émettons sur la planète à zéro au plus tard en
2050 représente un défi colossal pour tous les pays. Sans cette atteinte, les
changements seront irréversibles et catastrophiques pour tous. Le tourisme
québécois, comme tous les autres secteurs et les autres pays doivent s’y
engager rapidement. La bonne nouvelle ?
Pratiquement tout le monde en parle et est conscient de l’urgence. Mais le
politique et les nouvelles technologies requises pour, par exemple, produire du
ciment et de l’acier verts, ne sont pas encore au rendez-vous alors que les
besoins en énergies et en matériaux vont continuer de croître peu importe nos
incantations à moins consommer.
Tant qu’au Québec on parlera encore du projet GNL, d’un
troisième lien à Québec, de la faible protection de territoires naturels au sud
du Québec, de payer l’essence à un prix dérisoire par rapport à son coût réel si
on considère les coûts environnementaux qui y sont liés et de continuer à
soutenir un événement aussi peu durable que la F-1 au lieu de considérer
sérieusement un train électrique rapide entre Québec et Montréal, un réseau
intégré de transports interurbains électriques et par hydrogène ou encore la
gestion des flux touristiques en villes et en régions selon la capacité réelle
de support des milieux, on traînera en arrière de la Finlande (ils sont 2 ans
en avance sur nous en tourisme durable), de la Nouvelle-Zélande, du Costa Rica
ou de Paris comme j’en traite plus loin.
Les Assises du tourisme durable le 3 novembre prochain organisées par TDQ avec l’appui des parties prenantes de notre tourisme devront permettre de faire le point sur notre démarche en transition durable et susciter, je l’espère, non seulement une grande cohésion, mais une volonté réelle d’agir MAINTENANT par des actions efficaces et priorisées.
Le Québec, c’est annuellement 83,7 millions de tonnes de
GES dont 29 Mt proviennent du transport routier. Grâce à notre
hydroélectricité, nos impacts en GES globaux, contrairement au reste de la planète,
demeurent faibles. Faibles vraiment ?
Traduisons ceci par personne : en moyenne sur la Terre un Humain[1]
produit 6,5 tonnes de GES par année, au Québec : 9,8 tonnes,
pourtant le niveau le plus bas au Canada.
Nos GES sont beaucoup reliés aux secteurs utilisant les
énergies fossiles, dont le transport. En tourisme, le transport pour se rendre
au Québec, pour se déplacer au Québec, pour transporter les biens et services
que nos PME touristiques consomment ; tous ces
éléments s’appuient sur les énergies fossiles. Mais on ne sait pas quelle est
la contribution réelle du tourisme dans les GES québécois. En France, on sait
maintenant que c’est 11,1 % alors que leur tourisme c’est 7,4 % de
leur PIB. Donc très polluant. Mais quand est-il au Québec ? J’en
parlais il y a quelques mois avec Claude Villeneuve de la Chaire Écoconseil de
l’UQAC, et réaliser une telle étude pour le Québec est très réaliste à court
terme et nous permettrait collectivement de se mesurer dans notre transition.
Savoir que c’est principalement le transport en tourisme qui
impacte négativement la planète ne nous dédouane pas pour autant à décarboner
nos autres types d’entreprises et nos activités touristiques. À ce
chapitre, il faut réduire, réutiliser, partager, transformer, réimaginer nos
principales activités (exemple ici en hôtellerie), autant dans l’achat
(fabrication, distribution), dans son utilisation que dans la disposition
après usage :
· Énergies
utilisées
· Nettoyage
de la literie
· Entretien
général
· Produits
dans la chambre
Inspirations parisiennes
Jeudi dernier, j’ai participé aux Assises du tourisme durable de Paris. J’adore le concept des Assises en France depuis toujours, car il s’agit d’entendre des points de vue pas toujours identiques. Au Québec, il ne faut surtout pas présenter une opinion qui ne constitue pas la ligne de pensée partagée par la majorité, c’est pour ça je présume que tout le monde dit pratiquement tout le temps la même chose. C’est rafraîchissant les débats et surtout, ils permettent de faire évoluer tout un secteur. Comme ils disent de l’autre côté de l’Atlantique, on est plus intelligents ensemble, que seuls.
La « maire » Hidalgo
n’y va pas par quatre chemins. Son objectif ? Faire de Paris la
capitale mondiale du tourisme durable. Rien
de moins. De faire de la nécessaire transition écologique du tourisme un
argument de positionnement international. « En
érigeant en priorité la soutenabilité de son tourisme, en mettant sur la table
des sujets dont elle n’a pas forcément la compétence, Paris veut inviter l’Etat
à l’action et emporter d’autres villes dans sa dynamique — quand bien même
plusieurs ne l’ont pas attendue pour agir. » indique
le journaliste Clément Guillou, journal Le Monde.
DES ÉVIDENCES
ENTENDUS
· Paris,
comme Amsterdam, doit passer d’entonnoir touristique à arrosoir vers les autres
destinations françaises ;
· Surtourisme :
mieux répartir dans l’espace et le temps ;
· Jean-François
Rial, président de l’Office du Tourisme de Paris : Les OGD doivent
vraiment se repenser dans leurs rôles puisque les 2/3 des touristes ne viennent
pas grâce à la promotion faite par la destination, mais par le bouche à oreille
positif créé par des visiteurs satisfaits donc la priorité d’une OGD c’est d’augmenter
la qualité des services et des expériences (ex : toilettes publiques,
signalétique pour les vélos, « passe intégrée » dans
les transports et les sites touristiques populaires, etc…)
NOUVELLES PERSPECTIVES ENTENDUES
· Uber a bien
servi le tourisme, car a forcé les taxis réguliers à augmenter la qualité de
leurs services ;
· Comme
Barcelone qui limite maintenant à 9000 « meublés
touristiques “(AirBnB), Paris doit mettre en place des quotas maximums
par arrondissement afin d’y maintenir la vie communautaire. Mon commentaire :
ça aurait dû être fait depuis longtemps dans le Vieux-Québec ! Est-ce
la cas sur le Plateau ?
· La classification
de satisfaction de Booking.com a forcé les hôteliers à se questionner sur
leur réelle qualité de services ;
· Faut dorénavant
voir ses déplacements urbains comme faire du trek en ville (sans motorisation),
mais exige une meilleure signalisation ;
· Mettre en
place un annuaire des PMEs durables (Note : la carte interactive de
Tourisme durable Québec s’en vient)
La ville de Paris, depuis mars dernier, a préparé 7 thématiques
en tourisme en prévision de ces Assises :
1.
Ancrage local : Paris autrement
· Mieux
répartir les visiteurs dans les 17 arrondissements grâce aux outils de géolocalisation
et de personnalisation ;
· Maximiser
l’axe « La Seine’
· Label
« Fabriqué à Paris’
· Faire des
résidents des ambassadeurs officiels
2.
Ville accueillante et accessible
3.
Flux et mobilité
4.
Transition écologique
· ¾ de GES
en tourisme provient du transport
· Bateaux
taxis parisiens passent à l’hybride en 2024 et pour les bateaux «
promenade’ et « restaurants’, ils considèrent l’hydrogène rapidement.
· Le
vaporetto électrique/hydrogène sur la Seine
· 12
propositions pour décarboner dont :
· Inverser
la logique du coût des déplacements : prix selon la durée des séjours et
non pas les volumes ;
· Passe
Zéro Carbone (du métro au vélo, au bateau….)
5.
Événementiel
6.
Emploi et formations
7.
Gestion de crise et résilience
· MICE :
Microsoft a décidé dorénavant de tenir 12 grands événements internationaux
au lieu des 30 habituels. A Paris, il faut continuer de s’appuyer sur
notre valeur ajoutée :
o
Patrimoine bâti
o
Art de vivre
o
Innovation
o
Durable et inclusif
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
(Ademe) que l’Etat a mandatée, en 2019, pour structurer une politique de
développement durable du tourisme a dévoilé son rapport récemment portant
sur l’évaluation des impacts environnementaux du tourisme : le
tourisme en France, dont les seuls critères de réussite sont le nombre de
visiteurs internationaux et sa part dans le produit intérieur brut (PIB), n’est
pas compatible avec les objectifs environnementaux du pays.
Cette évaluation, inédite pour un pays entier, recense le
transport, l’hébergement, l’alimentation et la consommation des touristes, mais
aussi l’exploitation et la construction des infrastructures nécessaires à leur
accueil, de l’appartement loué sur Airbnb au centre de congrès vivant du
tourisme d’affaires. Le poids du tourisme dans les émissions de GES se révèle
ainsi supérieur à son apport au PIB (11,1 %, contre 7,4 %). Les trois
quarts des émissions sont générés par le transport, et les seuls trajets en
avion arrivant en France représentent 41 % du total. En conséquence, un
touriste venant de l’étranger émet, tous modes de transport et d’hébergement
confondus, quatre fois plus de GES par nuitée qu’un touriste national.
De même, l’étude montre qu’un touriste d’affaires, présent en
France pour des raisons professionnelles, a une intensité carbone deux fois
plus élevée que le touriste de loisirs, en raison d’une durée de séjour plus
courte et des émissions de GES du secteur événementiel. 60 % des GES en
tourisme à Paris proviennent de l’aérien !
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