Ce prix prestigieux
est décerné au porte-parole de GNL Québec, M. Stéphane Tremblay, qui affirme que de voir passer 400 gros navires
méthaniers par année dans le fjord du Saguenay sera un nouvel attrait
touristique . Il ajoute : « Vous savez, à Québec, quand on y va, on voit passer un bateau, les
gens le regardent passer…. », a-t-il affirmé
récemment en audience publique. Ça c’est un
argument de poids et une contribution majeure à l’avenir de notre tourisme ! (Note
du jury : qui ne rêve pas, en effet, de voir passer des méthaniers sur un
fjord?)
Construire un gazoduc de l’Ontario à
travers l’Abitibi, la Maurice et le Saguenay et une méga usine à Saguenay de liquéfaction
du gaz naturel provenant de l’Ouest Canadien conjugué à la valse des centaines
de navires sur le fjord n’auraient aucune conséquence sur le tourisme, ajoute
notre lauréat, champion d’un nouveau tourisme.
Ces projets (le gazoduc et l’usine
Énergie Saguenay) n’ont aucun bon sens en 2020 sous de multiples angles :
A. Tourisme
Le passage de 6 à 8
gros méthaniers par semaine sur le fjord et le Saint-Laurent viendrait gâcher l’expérience touristique et
nuirait grandement à l’image de marque du Québec comme destination nature alors
que la qualité des paysages est le facteur #1 recherché par les voyageurs. Je salue la position claire et « historique »
à cet effet de Tourisme Québec qui a affirmé
cette semaine devant le BAPE que « Le Québec
touristique souhaite se distinguer par son offre touristique verte et durable.
Tout doute concernant les émissions polluantes, les impacts sur la faune, la
flore, la santé ou la sécurité des visiteurs et des résidents engendrerait des
répercussions négatives sur le choix du Saguenay–Lac Saint-Jean et de la
Haute-Côte-Nord (Manicouagan) comme destinations touristiques. »
Je suis vraiment fier de Tourisme Québec pour avoir pris une
position aussi claire alors que le gouvernement du Québec appuie le projet GNL
Québec. Car ici, on ne se le cache pas, c’est de choisir, à titre de société, un projet avec beaucoup de $$$ à court terme dans le secteur industriel mais dommageable pour d’autres secteurs dont
le tourisme, qui lui est durable et
rapporte déjà des $$$, mais dans une
moindre mesure.
B. Faune & environnement
Les espèces en péril qui ont leur habitat dans le golfe du
Saint-Laurent, comme les bélugas, sont menacées par le transport maritime qui
sera généré par ce projet.
Les promoteurs du projet disent surtout que le gaz naturel est
une source d’énergie transitoire entre le pétrole/charbon et les énergies vertes
à venir. Ils disent parce que le gaz
naturel génère peu de CO2, qu’il est plus durable. C’est faux ! Le CO2 n’est pas le seul gaz à potentiel de
réchauffement climatique, ni même le plus puissant. Parmi les autres GES, on
trouve le méthane, qui, sur un horizon de 20 ans, a un potentiel
de réchauffement climatique jusqu’à 84 fois plus élevé que le CO2. Or le gaz
naturel étant composé presque entièrement de méthane, les émissions dues aux
fuites, qui se produisent à toutes les étapes du processus de production ― de
l’exploitation à la distribution —, sont particulièrement dangereuses. Mais
surtout, déjà le solaire produit à plus faible coût de l’énergie que le
gaz naturel. Et rappelle-nous
que plusieurs pays et fonds de placements majeurs retirent leurs
investissements du secteur des énergies fossiles (dont le gaz naturel) car ils
savent que de poursuivre dans cette voie mène la planète vers une catastrophe
sans précédent. Et nous au Québec, on compterait sur la transformation d’une
telle source d’énergie pour assurer notre développement économique ?
Les emplois que font miroiter les promoteurs de ce projet
peuvent autrement venir de nouvelles filières forestières, touristiques et énergétiques innovantes pour le Québec.
Investissons collectivement dans l’avenir, pas dans le passé !
1. Gouvernement du Québec (excluant Tourisme Québec)
En plus d'appuyer ce projet risqué et non-durable...« Le gouvernement Legault a discrètement retiré de sa liste de projets d’aires marines protégées une section du Saguenay qui couvre notamment la zone portuaire où GNL Québec souhaite construire une usine de liquéfaction de gaz naturel.Le projet d’aire protégée du gouvernement québécois, situé entre l’arrondissement de Chicoutimi et le fjord, dont la baie des Ha ! Ha !, visait la protection de certains poissons proies du béluga, dont l’éperlan arc-en-ciel et le capelan. »
-
La Presse, 29 octobre 2020.
2. Promotion Saguenay, le
bras économique de la ville de Saguenay qui sacrifie le tourisme pour les
retombées économiques industrielles à court terme alors que c’est dans son
mandat de promouvoir le tourisme. De plus, ils affirment dans ce dossier appliquer le principe de précaution. Vous direz
ça sans rire et sans honte dans 20 ans quand les bélugas auront pratiquement
disparus et les événements météo seront hors contrôle !
3. La SÉPAQ qui refuse de prendre position alors que GNL Québec
longera le parc national du Fjord-du-Saguenay, qui constitue un prolongement
terrestre de la protection accordée aux milieux naturels par le parc marin du
Saguenay—Saint-Laurent. La SÉPAQ renonce ainsi à son rôle de leader touristique
qu’elle avait toujours assumé. Surtout, elle perd de la crédibilité lorsqu’elle
nous parlera de l’importance d’un tourisme durable et responsable.
4. Ville de La Tuque qui
appuie le projet après s’être vu offrir 10$M par année pour le passage du
gazoduc. Aye les élus locaux, pouvez-vous penser moyen et long terme ? L’argent
prime sur toute autre considération ? Tout
s’achète même l’avenir de vos enfants ?
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