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Tourisme inexpérientiel au Québec


 


L’Australie au début des années 2000 a été la 1ère destination à miser sur un tourisme significatif, d’échanges avec les gens de la place, d’apprentissage… Les «  Down under » estimaient, avec raison, qu’il y avait 40%, dans ces années-là, parmi les touristes de notre planète qui  étaient des «  experience seekers » . Je traduisais alors par «  voyageurs » en opposition à un banal «  touriste »,  qui lui s’inscrit plus dans le tourisme de masse, le «  Sodome et  Gomorrhe » de notre industrie contemporaine.

Aujourd’hui, il s’agit d’un courant de fonds de vouloir «  vivre » profondément ses voyages.  Or, en 2020, COVID-19 est là et met à mal non seulement des millions de travailleurs en tourisme et ses entreprises mais vient en plus dénaturer l’essence même du voyage expérientiel.  Je croyais que l’été 2020 serait une occasion en or pour les Québécois de découvrir nos magnifiques régions ce qui aurait des retombées à long terme mais malheureusement, ce qu’on offre à nos concitoyens, c’est de l’inexpérientiel  avec des secteurs complets où de multiples expériences seront inaccessibles, temporairement peut-être, selon l’évolution de COVID-19, et de notre discipline individuelle… ou carrément fermées pour l’année. Notre réalité en ce 28 mai 2020, c’est :

·  l’hébergement est devenu, avec l’annonce hier de la Phase I du plan tourisme, l’expérience en soi alors que l’accès aux attraits/activités/événements/restaurants est largement inaccessible. Le tourisme c’est une expérience multisensorielle et multisectorielle. Rarement, le lieu d’hébergement est la raison  principale de votre voyage à moins que la chambre à coucher soit un terrain d’exploration pour vous !

·   les contacts humains  seront  basés cet été sur la distanciation. L’opposé d’un tourisme de sens !  Ce n’est pas que le 2 mètres, c’est aussi la crainte permanente de l’autre…

·  la destination n’est pas le voyage, le parcours si !  On connaît tous l’image d’un voyage en train ou en transatlantique. Le plaisir n’a rien à voir avec la destination, ce sont les rencontres, les découvertes et les échanges vécus à bord qui créent le voyage. Or, pour le moment au Québec, si vous vous rendez dans une autre région, ce n’est que pour aller dans son lieu d’hébergement. Pas le droit de s’arrêter en chemin et encore moins dans les commerces locaux.  Aucune visite en route, aucun échange avec le milieu local rendu à destination !

 

Dans ce contexte 2 choix  pour se respecter et respecter les voyageurs :

 

1.  Le plus radical : on ferme notre entreprise touristique pour 2020 car la rentabilité est improbable avec les consignes sanitaires  et le climat craintif Montréal/régions, en souhaitant, comme en France, que nos gouvernements seront là pour compenser nos pertes financières.  Ou….

 

2. On maximise la richesse des contacts humains autrement qu’avec une poignée de main, des accolades, des festivals et des restos tous collés dans une salle ou sur une terrasse. Dans le contexte du 2 mètres et du  Purell, peut-on penser par exemple que le personnel d’hébergements touristiques et des attractions/activités qui seront ouverts prennent le temps de créer des «  moments humains »  en petits groupes comme des cocktails « COVID ». S’asseoir quelques minutes à l’accueil, durant le séjour et /ou au départ simplement pour  échanger et parler de qui vous êtes, de votre communauté, etc…?

On peut très bien penser, autre exemple, offrir aux visiteurs des circuits locaux ou régionaux guidés dans des autocars ou des autobus scolaires selon les règles sanitaires ?

Soyons créatifs. Tout pour éviter le naufrage d’un tourisme d’expérience privé de son sens.


Jean-Michel Perron 


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