Ainsi le gouvernement du Québec et de
multiples partenaires se penchent sur l’accessibilité aérienne au Québec avec
le slogan «Découvrons notre Québec». Plus de 173 M$ y seront consacrés.
Un groupe de travail sera formé pour mener à bien cette démarche. Espérons que
ce ne sera pas que des gens de Québec ou de Montréal. Et il faut savoir faire
la différence entre un Beech, un Twin et un Dash
8 série 300; entre un touriste international qui paie son siège et un
travailleur québécois dont le siège est payé par son employeur!
Permettez-moi quelques conseils, ayant
été l’un des rares, à titre de voyagiste, à avoir l’expérience du nolisement
aérien régulier en tourisme sur l’intra-Québec (SÉPAQ et certains pourvoyeurs
l’ont également); aussi à titre de conseiller touristique dans les régions du
Québec depuis des années avec des solutions à l’accessibilité aérienne et
enfin, à titre d’usager régulier de l’aérien en régions québécoises éloignées.
Comme mon ancien patron voulait le
faire en politique (Claude Morin, ministre dans le cabinet Lévesque), il faut y
aller par étape.
1.
Identifier les zones à fort potentiel touristique et où
l’accessibilité aérienne est un réel frein au développement économique par le
tourisme:
- Eeyou Istchee / Baie-James
- Anticosti / Basse-Côte-Nord / Minganie
- Nunavik
- Gaspésie / Ïles
2. Structurer l’offre
touristique en fonction éventuelle, par
exemple, de vols nolisés de 50 sièges par semaine:
a.
Il faut que le voyageur, rendu à
destination, puisse se déplacer – intermodalité – et vivre
de multiples expériences uniques durant 7 jours… Seule la
Gaspésie pourrait rapidement se prétendre (ex.: 2018) apte à recevoir des vols
nolisés réguliers…
b.
Les expériences touristiques de calibre
international doivent être priorisées en développement par les différentes
organisations régionales et les bailleurs de fonds gouvernementaux.
Actuellement, c’est encore flou à ce niveau, et on y va trop souvent à la pièce
sans une vision globale…
c.
Chacune de ces régions doit posséder
une agence DMC, véritable police d’assurance du voyageur en individuel ou en
groupe. 3 des 4 régions possèdent déjà son agence DMC; seule la Gaspésie n’en
possède pas.
3.
En attendant ces conditions réunies (transport
local et activités uniques en nombre suffisant), il faut obtenir des sièges
à prix abordables sur les vols réguliers. Idéalement de 4 à 6
sièges, selon les destinations. Et ces sièges, si on veut créer de la richesse,
doivent être accessibles uniquement par les agences DMC qui se
chargent de les vendre en direct ou via les agences réceptives du Québec.
Subventionner les travailleurs qui viendront quand même, ou les résidents
locaux n’aideront en rien le tourisme.
4.
Sept-Îles: une 5e
porte d’entrée internationale,
éloignée des grands centres comme l’Islande l’a fait... Dans l’avenir, avec le
développement d’une offre touristique originale (et ces régions ont ce
potentiel), ce n’est pas vrai que Québec, Montréal, Ottawa ou Tremblant, toutes
localisées dans le “sud”, seront des portes d’entrée “obligatoires” pour les
touristes internationaux. Pour accéder à ces 4 régions, offrir des vols nolisés
d’Europe vers Sept-Îles avec son aéroport à grande capacité aura tôt ou tard un
rôle important à jouer. Et de Sept-Îles, des vols de connexion avec de plus
petits appareils… Regardez simplement Google Earth pour comprendre ce constat
logique. Imaginez: un Français ou un Allemand va pouvoir sauver en moyenne, et
en coût, 6 heures de temps de vols pour se rendre au Québec et
ensuite se rendre en régions… Ils n’iront plus à Churchill, Manitoba pour les
ours blancs, ni ailleurs pour la pêche aux saumon ou l’observation des
icebergs. Ils viendront au Québec, car leur coût d’accès deviendra ainsi très
compétitif.
Évidemment, il ne faut pas perdre de
vue d’autres dimensions de l’accessibilité, tel que je l’écrivais ici en 2014:
Lettre à la ministre du tourisme dans
TourismExpress: «… il faut pouvoir offrir aux clientèles arrivant par
avion à Montréal ou Québec, des formules flexibles et à grande valeur pour
circuler à l’intra Québec en avion et/ou par train et/ou par autocar et/ou par
traversier en développant une formule simple et efficace de transport
intermodal en 2, 3 ou 4 semaines avec compagnies aériennes, autocars régionaux,
traversiers et trains».
«Il est clair que l’utilisation de
vols nolisés en haute saison estivale et hivernale (et avec les touristes
internationaux, on allonge cette saison car les Québécois ne voyagent en
régions éloignées que de la mi-juillet à mi-août!!!) combinant les
travailleurs-résidents représente une alternative réelle pour une destination
éloignée à fort potentiel touristique tel que Eeyou Istchee/Baie-James, le
Nunavik, la Minganie/Basse-Côte-Nord et la Gaspésie. Mais, il ne s’agit que
d’une partie de la solution. Les gouvernements doivent considérer des
diminutions de taxes et de frais pour les destinations régionales. Plus une
région deviendra accessible, plus des touristes, adeptes de courts séjours, y
viendront, générant ainsi des revenus supplémentaires pour les régions et les
gouvernements. C’est ce qu’une étude économique vient de démontrer avec le nouveau
train Paris-Bordeaux, beaucoup plus rapide que l’ancien TGV…»
En terminant, en plus de
l’accessibilité des régions par l’aérien, ne perdons pas de vue une tendance
générationnelle lourde: celle de l’attirance pour les «road trips», qui dans le
cas du Québec se bonifie par les «trips de motoneiges», moyen de transport qui
rend le Québec sur la scène internationale aussi distinctif que le sirop
d’érable.
Commentaires
Publier un commentaire