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« Vous n’êtes pas écoeurés de mourir, bande de caves ? C’est assez ! »

Mural de Jordi Bonet au grand Théatre de Québec (1970)



En 1970, sur la murale du Grand Théâtre de Québec, l’artiste Jordi Bonnet avait gravé, au grand scandale d’un bon nombre de Québécois, cette phrase du poète Claude Péloquin.

Sans le prendre au mot, nous sommes, dans l’industrie touristique québécoise, collectivement en train de manquer le bateau de la forte croissance du tourisme international. Surtout des Américains qui viennent moins mais également de tous les autres pays si on se compare à la plupart des destinations internationales qui connaissent une croissance fulgurante, au-delà des estimés les plus optimistes de l’Organisation Mondiale du Tourisme.

Vous croyez à ce que vous faites, avez investi beaucoup et ne comptez pas vos heures de travail ? Sachez que si on s’organise mieux collectivement, vos revenus vont augmenter grâce à l’apport de l’argent neuf, la seule possibilité de croître véritablement par la venue des touristes internationaux.   Et vous vous dites que c’est la faute au taux de change, au prix de l’essence, à l’obligation du passeport ou à la guerre en Irak parce que c’est écrit dans les journaux ?  Continuez de le penser mais moi, comme quelques autres qui l’ont récemment documenté, je n’achète plus ces excuses faciles et fausses.

Pour s’en sortir, il faut au départ du courage et de la vision. Êtes-vous prêts à vous remettre en question ?  Il faut mettre en place 3 grands chantiers (et on aurait un bon allié en M. Bachand s’il n’était pas ministre d’un gouvernement minoritaire) ce qui implique de se parler des vraies affaires et d’accepter de faire de vrais débats et non pas des Assises touristiques bidons.

  1. Modifier notre image de marque. Ce que les visiteurs potentiels pensent de nous, ce qu’ils ressentent lorsqu’ils entendent ou voient le mot « Québec ». Et on manque cruellement de notoriété alors qu’on s’imagine que les clients potentiels nous connaissent. Pour se faire, il y a deux étapes obligatoires. Il faut se réorganiser. La cacophonie de mise en marché sur le marché québécois mais surtout hors Québec des Offices de tourisme, des ATR, des différentes ministères et organismes québécois et fédéraux, des CLD, des  « sectoriels »,  doit cesser. Dans le contexte de continuelles chicanes larvées et de protection de petits royaumes, on gaspille en totale inefficacité des millions de dollars.

Ensuite, il faut être réaliste sur ce que nous sommes. Présenter notre unicité pour se différencier sur les marchés internationaux.  Et c’est quoi alors qui nous distingue, me direz-vous ? 4 produits :  1- Montréal, ville d’ambiance festive où il devrait y avoir des festivals presque tous les jours de l’année  2- Québec, ville romantique par excellence qui a le potentiel réel de supplanter dans l’imaginaire, Venise… 3-  Les Québécois et Québécoises eux-mêmes (comme disait l’ex chef du PQ) partout en régions, à travers les activités agrotouristiques, le tourisme d’aventures, les festivals, les musées, les nations autochtones…Nous sommes, comme individus, notre principal produit !  Pas le fromage de Charlevoix, pas la Véloroute des Bleuets mais plutôt le maître-fromager de Baie St-Paul et Mme Bouchard au petit gîte d’Alma. On devrait miser sur nous-mêmes avant tout, c’est ce que les visiteurs veulent avoir alors donnons-nous généreusement à eux, nous sommes uniques et gentils !  4- L’Afrique du Sud a ses « Big five » (lion, léopard, buffle, éléphant, rhino) anciennement pour la chasse, aujourd’hui pour l’observation. Nous au Québec, on a aussi de très grands troupeaux et espèces sauvages : 650,000 caribous du Nord québécois (les caribous québécois sont les mammifères terrestres qui effectuent la plus grande migration planétaire). 110 000 chevreuils sur l’île d’Anticosti. 39 fidèles baleines dans l’estuaire du Saint-Laurent. 100 000 orignaux. 70 000 ours noirs. 500 000 grandes oies blanches. (on oublie malheureusement  les blanchons avec la fonte des banquises…). Ces animaux ne serviront jamais à un tourisme de masse (le tourisme de niche reste même à développer) mais, mon Dieu, quelle occasion  en or pour se positionner  «nature» comme l’Alaska ou la Nouvelle-Zélande.  

  1. Devenir réellement environnemental.   Pas juste le dire mais le faire. Au départ pour nous-mêmes, nos enfants et la planète. Ensuite pour les touristes. On doit devenir des modèles au niveau de la gestion de l’eau, des déchets, des matériaux, des sources d’énergie, de la protection des paysages, etc. Au Québec, on est pour l’environnement mais dans le concret, on repassera. On trouve charmants Stephen Guilbeault et Laurie Waridel mais on vote pour Harper qui permet le saccage environnemental du nord de l’Alberta. Il faut donc qu’il se fasse un changement d’attitude véritable car de nombreux touristes américains et européens vont vite déchanter lors de leurs séjours ici…
  1. Maximiser Internet. Le tourisme, c’est maintenant sur le Web que ça se passe. Si vous en doutez encore, comme Bush doute du réchauffement climatique, mettez tout de suite « à vendre » sur votre commerce, vous sauverez quelques années de vaches maigres. Les budgets promotionnels de nombreuses ATR se tournent maintenant sur le Web, avec raison. Mais ce ne sera pas suffisant. Il faut non seulement réussir à y transposer notre image de marque mais aussi innover en utilisant certains nouveaux outils émergents dans ce secteur.

Devenons anarchistes dans le vrai sens du terme : remettons en question nos façons de faire actuelles et exigeons des comptes à ceux qui dépensent des millions de dollars en notre nom. Qu’ils deviennent véritablement imputables, vous verrez soudain leur ouverture d’esprit à des approches différentes.

Bill


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