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Un « O » qui vaut plus que 14G$ Quand les Kiwis de la Nouvelle-Zélande nous inspirent !

 

Queenstown et régions tracent le chemin d’une destination responsable. Il s’agit de l’une des régions touristiques parmi les plus innovantes et responsables de la planète avec Helsinki en Finlande. 

Leur vision du développement repose sur UN seul objectif prioritaire : atteindre le « net zéro émission » de GES en 2030. Au Québec, en tourisme, notre seul objectif pour 2027 sont les retombées économiques par un PIB de 14G$.  (voir page 13 de notre plan stratégique 2023-2027, voir ici les recettes 2023 de 16,7G$). Ces deux chiffres (o versus 14G) traduisent l’audace versus le statu quo, regarder le ciel au lieu de se mettre la tête dans le sable face aux changements climatiques.  Se peut-il qu’en priorisant la planète, une destination assure la prospérité économique de sa région par le tourisme ?  Il faut dire qu’en parallèle, ils s’assurent de soutenir concrètement et financièrement leurs entreprises touristiques – pas que par des formations -  car ils comprennent que sans PMEs : pas de tourisme, pas de richesse et moins de bonheur pour les citoyens.

Leur stratégie très concrète de ne plus émettre de gaz à effets de serre d’ ici 5 ans  va rapporter gros économiquement à leurs entreprises et à la communauté tout en   régénérant leur biodiversité. Et ce, même s’ils n’atteignent pas cet objectif quasi impossible, entre nous. Je vous prédis  - toute  proportion gardée – que cette  destination va apporter plus de rentabilité pour ses entreprises touristiques, plus de notoriété sur leurs marchés  potentiels, une biodiversité dynamique et plus de bonheur dans la communauté que ce que le Québec va accomplir s’il n’oriente pas autrement ses actuelles stratégies touristiques. 

Pour réellement se décarboner, ça exige  du leadership, du réalisme basé sur la science,  une concertation du milieu transversale et largement partagé, appuyée sur les cultures locales et de l’innovation technologique concrète en soutien aux entreprises touristiques.  La destination et ses entreprises en sortiront transformées, compétitives et résilientes. Voici pourquoi et comment avec grand RÉALISME et LUCIDITÉ  ils ne font pas les choses à moitié : 

1. RESPONSABILITÉ

La base de leur démarche : Une gouvernance renouvelée avec une feuille de route solide ayant pour objectifs :

  1. Élaborer un modèle de gouvernance qui inclut un calendrier précis de rapports et d'évaluation.
  2. Établir un plan de mise en œuvre et une structure de communication (feuille de route).
  3. Établir des systèmes de collecte et de rapports de données.
  4. Aligner les activités de la marque et de marketing sur les objectifs du tourisme régénératif.

Diagnostic réaliste de leur situation : trop grande dépendance au tourisme; fuite de revenus; manque de bonnes données; manque de travailleurs et leur hébergement; externalités négatives pour les citoyens; impacts négatifs sur la biodiversité, air, eau, déchets; impacts du tourisme sur les infrastructures publiques; etc.

Une vision commune développée par chacune des communautés de la région

Le cadre de la transformation repose sur les valeurs traditionnelles maories

5 principes de base : l’écoute des citoyens de chacune des communautés de la région; support des gens, activités et organisations qui régénèrent déjà la destination afin qu’ils rayonnent encore plus; partenariats innovants avec la nature, les communautés et les lieux qui enrichiront les citoyens, les travailleurs et l'environnement; travailler avec toutes les  organisations/ministères ayant la capacité d’accélérer la transition; on ne craint pas le changement, au contraire.

2. INNOVATION

Une nouvelle gouvernance pour réaliser ce plan. Un «  Groupe de gouvernance indépendant »  composé de dirigeants d’organisations partenaires et de penseurs indépendants responsables de l’établissement des priorités, de la sécurisation du financement et de la garantie de bonnes performances par rapport aux plans approuvés et le «  Groupe de gestion de la destination (GGD) incluant évidemment l’association touristique, attribue les responsabilités de chacun des 23 projets aux différents groupes de travail, supervise les progrès et s'engage auprès de la communauté pour mener à bien les projets et atteindre les objectifs du plan avec des indicateurs de performance précis.

Technologies vertes pour toutes les PMEs touristiques.

3. DURABILITÉ

3 axes stratégiques pour réaliser la vision partagée :

  1. Enrichir les communautés et l’expérience des visiteurs
  2. Décarboner le tourisme et régénérer l’environnement
  3. Renforcer la résilience, les capacités et la productivité économiques.

Réalisme dans chacune des étapes d’une réelle transition (ex : décarboner en tenant compte de tous les intrants touristiques incluant le transport des visiteurs vers la destination)

Lisez ICI l’article du 1 novembre dernier de la BBC  qui raconte ce mouvement unique au monde. Mat Woods, le PDG de Destination Queenstown, affirme : « L'objectif 2030 semblait si difficile à atteindre que la communauté s'est finalement mobilisée. Cela signifie que tout le monde dans la communauté devait faire partie de cet objectif. »

Lisez ici leur démarche racontée par eux-mêmes (vraiment stimulant).

Certains diront qu’on ne peut se comparer avec Queenstown et ses environs, car c’est moins de 70 000 citoyens, que « seulement » 3 millions de visiteurs s’y rendent chaque année (2019) , que le tourisme, contrairement au Québec, est leur principale activité économique (39% du PIB versus 4,8% pour le Québec) et que c’est alors plus facile de mobiliser les parties prenantes. Oui, c’est vrai. Et puis ? Leur démarche est innovante et crédible, non ?  Au lieu de 2030, pourquoi ne pas viser pour le Québec touristique, 2040 ? 

Lire ici leur plan stratégique détaillé. 


Jean-Michel Perron

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