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Le bénévolat et le tourisme religieux : deux pans négligés de notre tourisme

Abbaye Saint-Benoit-du-Lac en Estrie (source: ATRSQ)

Dans le contexte de la rareté des ressources humaines, que ce soit à titre d’administrateur(rice)s d’organisations touristiques, de patrouilleur(se)s sur un sentier de motoneige ou de travailleur(se)s dans un événement touristique, le «métier» de bénévole est le grand oublié du tourisme québécois. Avec une population vieillissante, nous devrions pourtant y regarder de plus près.

Comme l’écrivait récemment un vétéran de notre tourisme, Pierre-Paul Leduc, président du Conseil québécois du Loisir: «En loisir, des milliers de personnes dédient leurs temps libres aux temps libres des autres!» Idem en tourisme.

Michel Couturier, un ancien du MTO (30 ans, dont directeur général marketing de 2005 à 2011) est le président bénévole des Sanctuaires du Fleuve et aujourd’hui partie prenante de l’Association du tourisme religieux et spirituel du Québec (ATRSQ), dont il est président du conseil d’administration et qui regroupe 40 membres, principalement des sites religieux, et est supportée depuis 1 an par Sylvianne Pilote de l’ÉAQ. Elle fut fondée en 2018. Michel a vu chez lui, à Longueuil, le nombre d’églises passer de 10 à 2 en moins de 15 ans. Son intérêt local pour la Cocathédrale Saint-Antoine de Padoue s’est ensuite transformé en un circuit du tourisme religieux sur la Rive-Sud de Montréal. Les «classiques» Oratoire Saint-Joseph, basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, sanctuaire du Lac Bouchette, sanctuaire de Cap-de-la-Madeleine, Basilique Notre-Dame à Montréal et Cathédrale de Québec sont des attraits touristiques majeurs. Leurs activités reposent en bonne partie sur le bénévolat. Or, depuis la COVID, les églises, qui se finançaient notamment par la quête aux messes, les mariages et les baptêmes, ont vu leurs sources de revenus réduites sensiblement, se battent pour survivre. Les coûts de restauration des bâtiments représentent aussi un enjeu majeur. Et avec la baisse du nombre de bénévoles, ces belles institutions vont-elles devoir se tourner uniquement vers des codes QR pour offrir une expérience touristique de qualité, faute évidemment de pouvoir offrir des visites guidées avec ces bénévoles ou de s’offrir de la réalité augmentée?

Les enjeux de ce secteur touristique encore sous-estimé, sont :

  • Élargir le membership de l’ATRSQ
  • Obtenir une reconnaissance de son potentiel
  • La pénurie de la main-d’œuvre
  • Être ouvert au tourisme en dehors de la haute saison

Le patrimoine bâti religieux québécois est exceptionnel même si nos églises ne datent pas du Moyen-Âge. Pas besoin d’être croyant pour apprécier la richesse architecturale et artistique. D’ailleurs, la motivation première pour visiter ces églises, ces basiliques, ces cathédrales et ces sanctuaires est au 2/3 le patrimoine. Par ailleurs, le ressourcement spirituel, à notre époque de bouleversements personnels, climatiques et sociétaux majeurs, prend une ampleur et fait que des lieux comme l’Abbaye Val Notre-Dame ou le Monastère des Augustines ont la cote.

Michel Couturier, avec la sagesse de son expérience personnelle et touristique, mentionne «… qu’il faut mettre de l’avant nos racines. Les communautés religieuses ont été à la base de notre système de santé, d’éducation et de notre patrimoine… elles font partie de notre Histoire!»

Un jour, pas si lointain, probablement lorsque tous les membres de ces communautés auront disparu, je crois, Michel, que nous réaliserons leur contribution fondamentale à notre culture, à notre identité et… au tourisme actuel.

En ce qui concerne la perte du bénévolat, il faudrait peut-être y réfléchir sérieusement ou décider,

 

Jean-Michel Perron


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