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Afficher l’empreinte carbone des expériences touristiques

  

 Menu du restaurant The Canteen en Angleterre avec l’empreinte carbone de chacun des plats.

Un Québécois génère en moyenne 9,9 tonnes de GES par année, deux fois plus qu’en Suède et beaucoup moins que la moyenne canadienne à 19,6 tonnes. On est pire qu’en Suède à cause de notre utilisation élevée de l’essence dans les transports, du volume impressionant de nos déchets et de notre usage de l’auto solo tandis que l’hydroélectricité pour nous chauffer et pour les productions industrielles, nous avantage grandement par rapport au reste du Canada.

Dans un futur proche, nous aurons à assumer «nos tonnes» en visant la carboneutralité par la réduction et sans faire par automatisme de la compensation carbone qui est, par procuration, un droit de polluer pour plusieurs mais dont on ne pourra se passer — même en 2035 — tellement les énergies fossiles sont partout dans nos vies et que les nouvelles technologies/énergies renouvelables ne pourront assez rapidement les remplacer.

Pour savoir si individuellement je diminue mes tonnes annuelles et qu’on participe ainsi à sauver la planète, il faudra que tous les biens et services qu’on consomme puissent nous indiquer, avec fiabilité, quoi acheter ou louer qui contribue le moins aux changements climatiques.

Ça a débuté en Angleterre avec le restaurant The Canteen (voir leur menu avec prix et CO2). Et depuis avril dernier, le gouvernement britannique exige de tout restaurant ou cafétéria ou traiteur de plus de 250 employés à afficher le nombre de calories de leurs plats. La chaîne de restaurants mexicains Wahaca a alors décidé, après s’être opposée au départ à cette loi, d’en ajouter une couche en affichant l’empreinte carbone sur ses menus après avoir pris connaissance d’un sondage de la firme Carbon Trust auprès de 10000 Européens répartis dans 8 pays confirmant à 66 % leur support à l’affichage carbone sur tous les produits de consommation. Lorsque nous savons que la production de la nourriture est responsable de 35 % des GES sur la planète, c’est une excellente nouvelle.

Le calcul de l’empreinte carbone des repas comprend les émissions GES émis par la production de chacun des ingrédients, leur transport, leur entreposage et leur cuisson.

 

Un joueur de golf américain émet pour un 18 trous en moyenne 25,7 k de CO2. (source : Carbon Footprint of an average U.S. golf course, Kimmo Klemola 2022, Cleanfi Oy)

La restauration n’est pas le seul secteur du tourisme qui débute l’étiquetage carbone de ses produits et services. L’analyse complète du cycle de vie pour un parcours de 18 trous sur les terrains de golf américains incluant, par exemple, le déplacement des joueurs, va beaucoup plus loin que le calcul des restaurants britanniques. C’est en moyenne 25,7 K de CO2 pour un parcours 18 trous Il s’agit à mon avis de la première étude crédible pour quantifier l’ensemble de l’empreinte carbone d’une expérience touristique. Idéalement, faudrait faire l’analyse par cycle de vie (ACV) individuellement, pour chacun des terrains de golf mais c’est encore pour l’instant, un travail trop colossal pour une PME.

 

(source : «  Sustainable Hospitality Alliance)

Dans l’hôtellerie, depuis plus de 2 ans, le regroupement des principales chaînes hôtelières mondiales « Sustainable Hospitality Alliance» permet à ses membres grâce à une méthodologie simple et efficace de calculer l’empreinte carbone par type de chambres/par nuit ou par grandeur de salle/par heure. C’est un bon point de départ pour éventuellement calculer l’empreinte globale d’un client durant son séjour.

Alors, pour répondre aux futures attentes d’une majorité de visiteurs, il nous faut planifier l’affichage carbone de nos expériences touristiques que ce soit la visite au Musée national des Beaux-Arts de Québec ou la descente en rivière chez Canot Volant de Saint-Come.

On ne sera pas là avant 2 ou 3 ans après qu’une majorité d’entreprises auront effectué leur transition durable incluant un diagnostic crédible GES (donc incluant le scope 3 qui représente la majorité des émissions GES en tourisme) de leurs services et produits. Ce diagnostic constitue la 3è étape d’un parcours optimal pour nos organisations touristiques.

Allons, au travail!

 «Food choices are political. If we begin to realise this and start voting with our mouths, then we have a lot of power.» – Thomasina Miers, cofondateur de la chaîne Wahaca

 

Jean-Michel Perron

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