COVID-19 continue
de secouer sérieusement le secteur touristique qui ne rebondira pas avant 2022...Surtout
le tourisme urbain. Du côté climatique, 2020
aura été l’une des trois années parmi les plus chaudes de l’histoire récente de
la planète ou si vous préférez (fâcheusement) une des plus froides des 50
prochaines années !
Mais on termine l’année mieux que
son début. Plusieurs bonnes nouvelles :
Les gouvernements du Québec et du
Canada viennent d’annoncer leur plan vert avec 2050 comme année
cible pour la carboneutralité. On peut les critiquer (et on le fera) en
constatant l’urgence climatique réelle versus les actions timides planifiées dont
les couteuses subventions aux énergies vertes et le « faux pansement »
des crédits carbone à prix trop bas (22$ la tonne) pour y parvenir mais
minimalement, cet enjeu planétaire est pris au sérieux par nos gouvernements.
Une remise en question de notre modèle économique (croissance, iniquité
sociale, déficit démocratique) et les nécessaires écofiscalité et
écoconditionnalité viendront bien, tôt ou tard.
Québec aura protégé 17% de son
territoire terrestre au 1 janvier prochain (versus seulement 11% il y a deux ans) et de 1,3% en 2020 d’aires
marines protégées à 10% en 2021. Leurs localisations peut être discutables
(dont leur faible présence dans le Sud du Québec et le refus d’écouter la
demande de nations Innues) mais ce sont des actions réelles qui doivent se
poursuivre afin de préserver notre biodiversité .
Biden comme président va
ramener les États-Unis sous l’Accord climatique de Paris et arrêter les
dommages causés par les climatosceptiques qui géraient Washington. Autoriser
des mines sur des Terres sacrées autochtones ou nuire aux caribous de l’Alaska cessera.
Des villes comme La
Rochelle (la 1re en 2019), Paris, Montréal et… même Tadoussac prennent le taureau par les
cornes en implantant d’audacieuses mesures (ex. : Coopérative carbone)
environnementales.
L’hystérie anti-tourisme depuis plus d’un an se résorbe. Le « bannissons les voyages en avion ! » provenant de Suède est heureusement considéré de plus en plus ridicule pour les destinations insulaires et les régions comme le nord du Québec sans route ni train… De plus, la seule solution pour régler le réel problème du « surtourisme » par l’imposition de frais d’accès élevés qui donnent préséance uniquement aux plus riches, perd de son attractivité…Privilégions d’autres solutions.
Comme au Québec, nous sommes LES privilégiés
de la planète pour avoir autant d’énergie verte (hydro-électricité), comme notre
talon d’Achille en GES, c’est le transport, la présence d’usines telles que Lion Électrique de Saint-Jérôme (camions et autobus électriques) et le projet Recyclage Carbone Varennes, élaboré par Enerkem et
ses partenaires, afin que soit implantée une usine de production de biocarburants
à partir de matières résiduelles non recyclables, un projet évalué à 687 millions
de dollars ; tout ça fait du sens et mérite notre
soutien.
Avant de vous souhaiter un Heureux temps des Fêtes, permettez-moi une réflexion appuyée par mes observations récentes dont deux rencontres virtuelles internationales la semaine dernière sur le tourisme durable (en France et en Allemagne) : l’avenir du tourisme durable passe par les entreprises et les villes, plus que par les voyageurs.
Actuellement, ce sont des villes
et des entreprises en tourisme qui mènent la nécessaire transition vers des
pratiques réellement durables. Et non pas, nous les voyageurs. Les entreprises
en tourisme qui ont de la vision à moyen terme connaissent très bien leurs risques
réels et veulent sincèrement participer au changement afin de survivre
après COVID :
1. Les
droits humains bafoués, l’iniquité entre riches et pauvres sont mauvais pour
les affaires amenant leur lot d’insécurité et de crimes nuisant à leurs
clientèles ;
2. Les
changements climatiques vont apporter un lourd prix en crédits
carbone et en nouveaux équipements/procédés ;
3. La
cybersécurité dans le contexte de l’Internet des objets omniprésent.
Les
hôtels vont devenir « verts » et
durables, pas parce que les voyageurs individuels le demandent, mais grâce aux
clients MICE (réunion d’affaires, voyages de motivation, Congrès et Événements)
qui eux exigent de plus en plus de TOUS leurs fournisseurs d’être durables…
Les vacanciers ? On se
dit verts, mais quand vient le temps de choisir des produits touristiques, une
majorité d’entre nous tourne la tête lors de l’achat, à moins que le prix soit
le même…
En 2019, Lufthansa a sondé ses
voyageurs : 78 % se disaient préoccupés par la notion de durabilité :
« Sauvons
la planète ! » ; 74 %
sérieusement concernés par le sort des forêts tropicales pour aboutir
finalement à 1 % seulement de ceux-ci qui ont donné à un fonds pour sauver
ces forêts…
Tout le monde dit vouloir un
environnement sain et une société plus juste. Surtout au Québec. L’organisation
médiatique d’urgence climatique Unpointcinq et l’Université Laval ont commandé leur
sondage annuel avec Leger en septembre dernier :
·
78 %
des Québécois veulent en faire plus pour le climat ;
·
Mais alors que 90 %
affirment poser des gestes pour le climat, moins de la moitié met en œuvre les
actions les plus significatives pour réduire leur impact climatique, soit :
composter, manger moins de viande, réduire l’usage de la voiture et diminuer
les déplacements en avion.
·
Faire
connaître ses actions en faveur du climat peut s’avérer gagnant pour les
entreprises. En effet, 86 % des personnes interrogées affirment être plus
susceptibles de préférer leur produit à celui d’une autre marque. Et la « climato-sympathie » serait aussi un facteur
d’attraction pour la main-d’œuvre.
La nouvelle
organisation québécoise en tourisme durable dont je suis l’un des 15 membres
fondateurs vise d’ailleurs en priorité à accompagner les entreprises et les
organisations touristiques vers un développement réellement durable. Le fait
que plus de 75 entreprises nous ont manifesté leur intérêt à devenir
membre depuis seulement 1 semaine, constitue sans nul doute, ma meilleure
nouvelle de l’année !
Vivement 2021 !
Jean-Michel Perron
Excellent texte rempli d'espoir. Dans la continuité des bonnes nouvelles, la création de nouveaux transporteurs aériens québécois sous la forme de coopératives (TREQ et Air du Lac-Saint-Jean) mérite d'être saluée. La coopérative TREQ a pour objectif de desservir les régions qui n'ont actuellement pas accès à du transport aérien. Même si le transport en avion demeure discutable en matière d'environnement, il s'agit d'un outil de développement important pour les régions et le tourisme.
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