Passer au contenu principal

Après le glamping, la vague du graping ! (GRAtuit-camPING)

 

       La légendaire Volkswagen


 

Les « grapeurs[1]» ne sont pas des touristes mais des visiteurs puisqu’ils ne logent ni en logement commercial, ni en logement privé dans les régions visités. Ils logent dans leur valise qu’est leur roulotte ou leur motorisé.

Les maires et les ATR ont tous intérêt à suivre le graping de près.  

Le phénomène n’est pas nouveau (pensez à la mythique Westfalia) mais comme bien d’autres activités touristiques, COVID est un puissant accélérant qui se poursuivra encore plus en 2021 pour ce segment très visible de visiteurs.

Si vous avez voyagé l’été passé dans les régions, vous avez fait le constat comme moi qu’autant de roulottes et de petits motorisés ne pouvaient entrer dans les terrains de camping réguliers  tellement ils étaient nombreux.  Je sais qu’une bonne partie de ceux-ci d’ailleurs ne «  voulaient pas » loger en terrains de camping payants…

Mon instinct me dit qu’on est au début d’une vague (d'une autre sorte!).

 

 

     Le quai de Rivière-Au-Tonnerre en Minganie fut très populaire cet été auprès des grapeurs

Il s’agit d’un nouveau style de vie permettant de voyager à  peu de frais, souvent  plus longtemps, un peu comme les routards en tour du monde.  Leur nouveau  terrain de jeu est le Québec, ensuite le Canada et bientôt une vague déferlera sur les États-Unis en provenance du Québec.  Ils remplaceront les snowbirds tant que leur santé leur permettra de poursuivre le nomadisme.

Tout comme en tourisme d’aventures avec ses multiples expériences et niveaux de difficultés, le caravaning  (camper en se déplaçant) se segmente de plus en plus clairement :

  • 1.       Les caravaniers utilisant les campings publics ou privés (camping régulier)
  • 2.  Les aventuriers recherchant une grande autonomie hors des sentiers battus (l’expéditionisme)
  • 3.      Et les amateurs de graping (se camper autonome sans payer de frais, sans services, ils sont les «  routards du camping », les grapeurs) avec leur petites roulottes et les motorisés classe B. En anglais, on dit faire du boondocking

 Ces segments du caravaning constituent chacun des tribus identitaires qui se reconnaissent entre eux, avec leurs sites Web, leurs applications, leurs gourous influenceurs

Pour les grapeurs au Québec, c’est l’application  iOverlander qui leur permet de savoir où dormir gratos, où prendre de l’eau gratos,  où vidanger  gratos de temps en temps… 

 

    Roulotte fabriquée au Québec. Source : https://safaricondo.com/fr/caravanes/

 

 

    Motorisé Classe B, aménagé au Québec. Source : https://www.prestigevr.com/gala-rv/

 

La preuve de cette lourde tendance est le présence de fabricants de véhicules de 20 pieds et moins ici et ailleurs,  comme les roulottes légères Alto  de Beauce  ou RV Prestige de Terrebonne avec ses classes B à  140 000$.... 

Bon pour les régions ?

Ce mode de vacances et même de vie pour certains, permet la découverte de la nature et des paysages tout en ayant le contrôle sur sa condition sanitaire et permet de socialiser à son rythme.

L’idée de départ du camping pour bien des caravaniers (campeurs nomades)  est d’épargner de l’argent sur l’hôtel en allant au terrain de  camping (même si acheter un VR n’est pas donné !). Aujourd’hui, certains sauvent sur le coût du terrain de camping en faisant du graping….

Mais est-ce durable ? Économiquement, la priorité des régions (MRC et/ou ATR) devrait être de sonder rapidement les grapeurs et connaître leur niveau réel de dépenses sur place (essence, épicerie, resto, attraits, activités). Ça peut se faire même en hiver… En faisant aussi la distinction avec les « campeurs sauvages » en tente. J’ai entendu des maires dire qu’il faut mieux  aménager des sites pour mieux accueillir ces visiteurs… Si les grapeurs ne créent pas de richesse dans la localité, pourquoi investir des fonds publics ?  Environnementalement parlant ?  Il  y a si peu de sites gratuits de vidanges sanitaires, sait-on réellement que font alors les grapeurs avec leurs «  eaux grises et noires » eux qui recherchent d’habitude les services gratuits ?  Socialement ?  Le principe d’utilisateur-payeur devrait être appliqué sinon ça devient inéquitable pour les citoyens qui paient via leurs taxes des services pour ce type de visiteurs et les campings payants qui doivent alors compétitionner avec des villes qui accommodent les grapeurs…. À moins qu’un sondage sérieux détermine qu’ils dépensent beaucoup localement.

Mais peu importe, le phénomène se poursuivra. Les régions doivent mieux  s’organiser pour être prêtes dès mai 2021 en :

 1.       Faisant un sondage québécois sur le profil de dépenses de ces visiteurs (AITQ). Souhaitons que le graping ne rimera pas avec l’expression anglaise de «  graping » 

 2.      Pour les villes/MRC, en déterminant où et avec quels services ils souhaitent ou pas accueillir les grapeurs ?  Gratuitement ou avec un tarif minimal couvrant les dépenses réelles.

3.      Communiquant ces renseignements via les BIT et les guides papier mais surtout là où les grapeurs prennent leur info : iOverlander et médias sociaux spécialisés.

4.      Encourageant l’achat de véhicules fabriqués au Québec


                iOverlander à Port-Cartier : un site pour passer la nuit gratuitement,                                                         un site de camping sauvage gratuit  et un site de vidange sanitaire.

Il ne faut pas que le tourisme au Québec devienne un tourisme à faibles retombées par visiteur avec la mentalité «  qu’on garde notre argent pour les voyages hors Québec»  et on limite les dépenses au Québec au minimum tout en continuant de voyager…Ça ne créé pas beaucoup d’emplois sauf pour les stations d’essence.

À moins que certaines régions évaluent leur popularité et leur succès en tourisme par le volume du trafic sur leurs routes ?

Jean-Michel Perron



[1] Mot avec «  graping »  que je suggère afin de définir ce segment de visiteurs et éviter l’anglicisme Boondocking. Dans les années ’80, j’utilisais publiquement le mot «  forfaitisation » (même si absent du dictionnaire à cette époque, ce qui me valu une réprimande d’un fonctionnaire) au lieu de «  packaging » couramment utilisé en tourisme.

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Comment éviter l’écoblanchiment et respecter la nouvelle loi canadienne ?

  Source photo: Radio-Canada Chronique réalisée suite à des entrevues avec : Merci Julien O. Beaulieu, chercheur avec le CQDE Merci Julien Galtier, Masse Critique Merci Marc Paquin, Planetair Enfin, comme en Europe  depuis janvier 2024; en  France, depuis janvier 2023 et en Californie  depuis le  1er janvier dernier, inspirée d’ailleurs par la réglementation française -  les entreprises qui surévaluent ou mentent, consciemment ou inconsciemment sur leur respect de l’environnement  ne peuvent plus légalement le faire au Canada depuis juin 2024.  Excellente nouvelle pour les clients/visiteurs et pour les entreprises qui agissent réellement pour la Planète !  Mais qu’est-ce qui constitue de l’écoblanchiment et en quoi la nouvelle loi risque-t-elle de vous impacter ? Voilà les questions que vous devriez considérer dès maintenant. Définition écoblanchiment : On parle d’écoblanchiment lorsqu’un acteur partage une information environnementale fau...

Tourisme au Québec : déni face à l’urgence climatique PARTIE II : Le déni expliqué par le facteur humain

  En première partie, dans une autre chronique , j’avais fait le constat de la faible performance de la destination " Québec" en durabilité. Aujourd’hui, comment expliquer qu’on n’agit pas en conséquence, sachant l’urgence ? Mes recherches pointent vers  L'INERTIE SYSTÉMIQUE comme le frein majeur à la transformation   de  notre industrie touristique québécoise. Cette inertie, elle-même provoquée par des biais psychologiques de personnes en poste d'autorité, semble expliquer qu'ailleurs sur la planète des destinations comparables (Finlande, Nouvelle-Zélande...) agissent, elles, avec brio, comme le commande l'urgence climatique, tout en assurant la croissance responsable de leurs entreprises. On comprend que les gaz à effet de serre (GES) et leurs corollaires, le réchauffement climatique, la pollution, la dilapidation des ressources qui ne sont pas illimitées et les risques de pandémie représentent des menaces existentielles qui ne connaissent pas de frontières...

L’avenir du tourisme international selon Deloitte/Google. Et les enjeux qui viendront bouleverser ce scénario optimiste.

  Une excellente recherche anticipative vient d’être produite. Le volume des touristes internationaux, poussé par l’après-guerre avec la montée d’une vaste classe moyenne occidentale et les vols longues distances, sont passés de 25 millions en 1950 à 1,454 milliard en 2019 . Cette année, nous aurons après la chute pandémique, rejoint à nouveau ce volume de 2019 (à 96%) et selon Google/Deloitte, nous atteindrons 2,4 milliards en 2040.  À l’analyse de milliards de requêtes sur Google dans 230 pays, de consultations de dizaines d’experts et de statistiques officielles depuis 50 ans, voici les constats actuels et les principales « prédictions » de Deloitte/Google, produite le 1 novembre dernier, dans leur rapport Vision 2040 (hyperlien à la fin) avec mes commentaires et les enjeux majeurs sous-estimés, à mon avis. 1. J’ai apprécié la section des facteurs positifs et négatifs   - pages 30-31-32 - qui vont impacter les entreprises touristiques d’ici 2040. Que fait-on pour s...