Barcelone, Islande, Vieux-Québec, même
défi.
Ça fait drôle de parler d’avoir trop
de touristes, alors que le Québec a tellement de disponibilité et de
potentiel de croissance. Mais il faut dès maintenant songer comment faire
pour trouver un équilibre si on ne veut pas être confronté un
jour à ce que vivent aujourd’hui l’Islande et Barcelone.
Le tourisme de masse est contraire à la recherche de
l’authenticité et du contact personnalisé en symbiose avec la culture locale;
ce que veulent pourtant de plus en plus de visiteurs.
Les astres sont tous alignés (taux de change, Trump, 375e, Europe
insécure, Mexicains sans visa, Trudeau populaire à l’étranger, etc.) pour
connaître une année record en 2017 autant sur les marchés
internationaux que québécois. Serons-nous aptes à livrer la
marchandise? Maintenir une qualité d’expérience forte
pour chacun des visiteurs si on veut surfer sur cet afflux et se faire du marketing
viral positif qui rapportera à moyen terme?
Il y avait 187 hôtels à Barcelone
en 2000, aujourd’hui 466, en plus de 10 000 appartements légaux et autant
illégaux. 8,3 millions de visiteurs, 20 millions de nuitées pour une population
de 1,6 million. La mairie limite les nouveaux hôtels, elle a donné
en novembre dernier une amende d’un million de dollars à
AirBNB et Homeaway et de nombreux citoyens descendent dans la rue pour
protester contre le tourisme de masse.
Comme en Islande ou
dans le Vieux-Québec, les jeunes résidents n’ont plus les
moyens de louer ou d’acheter un appart ou une maison, les commerces de
proximité disparaissent au profit des boutiques pour touristes, les prix
montent, les quartiers perdent de leur saveur locale... bref, c’est la «Disneyfication»
de la destination.
Du côté de l’Islande, même s’ils
n’ont pas encore un seul McDonald, en 2017, il y aura 7 fois plus de
touristes que la population locale qui s’en réjouit mais s’en inquiète
en même temps avec les prix qui grimpent, l’accès à la propriété rendu plus
difficile, le trafic, la pollution accrue, la qualité des expériences à la
baisse, etc. Le tourisme, c’est l’industrie #1 d’exportation, le plus
gros employeur du pays. Leur stratégie mise en place depuis 2010
fonctionne mieux que prévu: étendre la haute saison touristique par l’hiver,
promouvoir les régions et allonger la durée de séjour. Ils songent même à
développer, pourtant un si petit pays, deux aéroports internationaux en
région, afin justement de mieux répartir le nombre de visiteurs... Alors
que de notre côté, Tremblant, il y a quelques années, a eu toutes
les misères du monde pour obtenir un service de douaniers... Les deux démarches
actuelles au Québec sur l’accessibilité aérienne en régions (Société
du Plan Nord et l’UMQ/UQAM) devraient aussi dès maintenant s’y pencher...
Rendre accessible les régions passe par une ou deux portes d’entrée
internationales en dehors de Montréal, Québec et Tremblant... Ce
sera de moins en moins vrai dans l’avenir que tous les visiteurs internationaux
au Québec voudront nécessairement visiter Montréal et Québec.
Bref, Il y a une limite à la
croissance qui peut très bien, à terme, provoquer un déclin de
l’industrie touristique locale ou nationale. La situation à Barcelone démontre
aussi l’importance légale de planifier son développement touristique par le
gouvernement local, qui ne se gêne pas pour sévir si nécessaire. Même si ça
déplait à certains commerçants qui ne se rendent pas compte qu’ils se
tirent une balle dans le pied en faisant un développement touristique
non durable...
Jean-Michel Perron dans TourismExpress
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreEffacer